Front républicain ? Ni-Ni ? Il existe d'autres arguments que ceux réfutés par Libération. - Mediapicking
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Front républicain ? Ni-Ni ? Il existe d'autres arguments que ceux réfutés par Libération.

Dernière actualisation : 18/09/2015, 15:46

Les élections législatives partielles dans le Doubs ont relancé les débats sur le « ni-ni ». Je laisse à d’autres le sein d’ausculter l’UMP et d’analyser le vote d’une position qui n’était pas celle présentée par son Président. Je vais plutôt m’intéresser au dossier en faveur du front républicain, qui était en « une » de Libération le 3 février. Libération formule, dans ce dossier, cinq arguments qui seraient invoqués par l’UMP contre le front républicain et s’attache à les réfuter, l’un après l’autre.

Le procédé est classique : je pioche des arguments dans le discours de mon adversaire, je les réfute successivement, puis je conclus que la position de mon adversaire est infondée, indigne, voire idiote. C’est la conclusion de Laurent Joffrin : « le ‘ni-ni’ trouve ainsi son véritable sens : ni principes, ni intelligence ».

Trois arguments contre le front républicain, plus difficile à réfuter que ceux choisis par Libération

Libération fait comme s’il n’existait pas d’autres arguments contre le front républicain. Je vois, quant à moi, trois autres arguments qui sont peut-être plus difficiles à réfuter.

Argument n°1 : il y a dans le front républicain un déni de démocratie car si différents partis sont autorisés à concourir aux différentes élections, l’un de ces partis ne serait jamais autorisé à gagner.

De deux choses, l’une. Soit le FN ne respecte pas les lois de la République ou agit contre la République, et alors il doit être interdit et dissous. Soit ce n’est pas le cas, et alors il est autorisé, comme les autres partis, à jouer et à gagner de temps en temps.

Ce point essentiel est esquivé par Libération en une phrase : « la question de principe, [c’est] celle qui fait du FN un parti légal, mais hors de l’arc républicain ». Légal ? Il existe un référentiel permettant de trancher entre le légal et l’illégal. Arc républicain ? Où est le référentiel ? S’agit-il du corpus législatif de la République ? Non, répond Libération, puisque le FN est légal.

Arc républicain ? On pourrait le définir comme un corpus attribué à la République d’idées, de valeurs, de principes. Problème : chacun met, aujourd’hui, ce qu’il veut dans le corpus, avec le sens qu’il veut et avec la pondération qu’il veut. Rien n’interdit au FN de clamer qu’il est républicain.

Argument n°2 : il y a dans le front républicain l’idée que ceux qui choisissent l’autre camp, sont contre la République et hors de la République. Le front républicain est ainsi une machine à exclure.

Une fois qu’on a opposé le front républicain à des électeurs et une fois qu’on a exclus ces électeurs de la République, il est très difficile de les y faire revenir. Surtout lorsque leur candidat est battu, qu’ils attribuent la défaite au « système » et qu’ils s’installent à l’extérieur du système, avec le ressentiment et la foi de ceux qui sont convaincus que leur combat est juste et qu’ils finiront par l’emporter.

Argument n°3 : il y a dans le front républicain l’abandon de l’une des meilleures armes permettant de démasquer et de confondre les bonimenteurs : la confrontation avec le réel.

Certains considèreront qu’il s’agit d’une banalisation du FN, d’une accoutumance au FN. Je crois, au contraire, qu’il n’existe aucune raison pour que des élus FN soient meilleurs, plus efficaces et plus exemplaires que les élus d’autres partis. Le front républicain, c’est refuser que des élus FN fassent la preuve de leur médiocrité, de la défense de leur intérêt personnel au détriment de l’intérêt général et, surtout, de leur rejet de tout ce qui n’est pas FN.

Seule compte une question : comment ne plus voir le FN au 2ème tour ?

Au-delà des arguments contre le front républicain, force est de reconnaître que les élections en France ressemblent de plus en plus à de drôles de jeux.

Elles font cohabiter des scrutins majoritaires à deux tours avec des scrutins proportionnels. Le premier type de scrutin donne lieu aux débats sur la posture à tenir vis-à-vis du FN. Le second type de scrutin fait des élus FN le premier contingent d’élus français au Parlement Européen. Il y a un problème de cohérence, d’une élection à l’autre, entre les règles du jeu. Difficile d’avoir durablement un aussi grand écart entre la représentation nationale à Paris et la représentation française au Parlement Européen de Strasbourg, sans miner les principes-mêmes de la démocratie représentative.

Aujourd’hui, la France s’installe dans l’idée que son prochain Président de la République sera le candidat arrivé en deuxième position au premier tour de l’élection de 2017. Comment est-il possible de s’accommoder d’une situation aussi catastrophique ?

Se pose alors une autre question, en fait la seule et vraie question : comment faire en sorte que le FN ne soit plus le premier parti de France ? Cette question est bien différente de celle posée par Libération quand le journal somme Nicolas Sarkozy et l’UMP de choisir entre le PS et le FN. Elle est tellement plus inconfortable. Pourtant, elle est essentielle. Car ce ne sont pas des arrangements avec les règles des différents jeux électoraux qui permettront à la France d’échapper à la catastrophe d’une accession du FN au pouvoir.

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