Moi, Président des couacs. Un avant-goût du livre à travers 6 extraits - Mediapicking
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Moi, Président des couacs. Un avant-goût du livre à travers 6 extraits

Dernière actualisation : 25/10/2017, 11:21
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Moi, Président des couacs arrive en librairie. Le livre est construit autour de 75 mots-clés qui couvrent toutes les facettes de la communication et qui sont autant de cas pratiques ou d'exemples à ne pas suivre.

Si ces extraits de 6 mots-clés vous ont donné envie de poursuivre la lecture, vous pouvez acheter le livre chez votre libraire, sur AmazonFNAC.com... ou chez notre éditeur, KAWA.

1. Gauche (chapitre 1er : le vide des concepts à l’épreuve du pouvoir)

François Hollande est-il de gauche ? Est-il vraiment de gauche ? Est-il toujours de gauche ? Sa politique est-elle de gauche ? Ces questions apparaissent régulièrement dans les médias et dans les sondages.[…]

La gauche ? Ça s’écrit encore au singulier ? Il est plus facile de se repérer dans les familles de Game of Thrones que dans les familles de la gauche radicale, frondeuse, réaliste, réformiste, légitimiste ou moderne, sans parler de la gauche de la gauche ou de la droite de la gauche. Il existe pourtant un référentiel commun. Progrès, égalité, éducation, justice, laïcité… des mots et des valeurs qui sont connotés à gauche. Les plus emblématiques de ces mots sont des totems ou des marqueurs. Ils permettent au peuple de gauche de savoir immédiatement, presque mécaniquement, si une politique est de gauche.

Pourquoi se demander aussi souvent si François Hollande est de gauche ? Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen pratiquent, tous deux, la triangulation, ce procédé consistant à piquer des idées du camp d’en face, mais personne ne demande à leur sujet s’ils sont respectivement de droite ou d’extrême-droite.

Alors, que dit cette question sur François Hollande ? Elle renvoie, en fait, à une question simple et essentielle : qui est François Hollande ? Trois réponses sont souvent citées : un personnage ambigu qui jouerait sur plusieurs tableaux et qui ferait les choses sans les assumer, voire en annonçant le contraire ; un amateur qui improviserait, incapable de rendre lisible le présent et de donner de la visibilité sur l’avenir ; un traître qui aurait renoncé au socialisme et à ses promesses de campagne et qui se serait converti à l’entreprise et à l’état d’urgence. […]

2. Vacances (chapitre 2 : la vie privée du président normal)

Le mot “vacances” doit faire partie du vocabulaire maudit de François Hollande, tant il est associé au début de sa chute dans les sondages d’opinion. En août 2012, le tout nouveau président s’accorde… trois semaines de congés avec sa compagne de l’époque, Valérie Trierweiler. Le couple s’installe dans la résidence officielle du Fort de Brégançon, dans le Var, et les Français découvrent dans les médias le chef de l’État tout sourire à une terrasse de restaurant ou en maillot de bain à la plage. Des vacances… “normales” en somme. Sauf que l’homme en question est à la tête d’un pays, en crise. Lui qui clamait le changement, cest maintenant, donne l’impression que le changement peut en réalité attendre la fin de l’été.

Ces vacances et leur couverture médiatique sont désastreuses pour l’image de François Hollande. L’intention initiale était de se démarquer des vacances américaines de Nicolas Sarkozy, des vacances plus hollywoodiennes que présidentielles. Mais contrairement à François Hollande, les Français sont déjà passés à autre chose. Ils attendent des mesures concrètes, qui tardent à arriver. François Hollande tente une justification, mais celle-ci est maladroite. Il rappelle que cela fait plus d’un an qu'il est en campagne électorale, oubliant juste que n’importe quel salarié français, arrivant en mai à un nouveau poste, ne peut pas se permettre de partir trois semaines en été. […]

3. Pluie (chapitre 5 : une gestion des symboles à temps partiel)

Ce quinquennat est marqué par le mauvais temps. On se souvient évidemment des images du discours du 25 août 2014 sur l’île de Sein, en pleine crise gouvernementale. François Hollande prononce, sous des trombes d’eau, un discours en hommage à la résistance contre les nazis. « Hollande prend l'eau sur l'île de Sein », « François Hollande essuie un déluge de moqueries pour son discours sous la pluie »… L'occasion est trop belle, les journalistes la saisissent pour rivaliser de titres ironiques autour de la pluie. L’opposition s’en mêle. Le déluge se fait naufrage pour le Président. […]

Le discours de l'île de Sein est une contre-performance totale. Il montre de l’amateurisme dans la préparation et dans la gestion en direct de l’événement. Comment croire que la sixième puissance mondiale n’a pas les moyens d’installer des tentes et tonnelles pour protéger son président et les citoyens venus l’écouter ce jour-là ? Le Président et son entourage semblent s’être accrochés à un conducteur décidé dans un bureau du Château, ne faisant preuve d’aucun recul et d’aucune flexibilité pour s’adapter aux événements. La pluie est ici le symbole de la malchance. Un président sous la pluie, c’est un président malchanceux. Un président aveuglé par la pluie, c’est un président qui ne sait pas où il va. Surtout, si le président est incapable de se protéger de la pluie, alors comment pourra-t-il protéger le pays ? […]

4. Cravate (chapitre 5 : une gestion des symboles à temps partiel)

Les médias et l’opinion se sont vite focalisés sur cet accessoire, supposé en dire long sur le Président. Un site web francois-tacravate.fr recense toutes ses apparitions publiques et examine l’état de sa cravate. Une cravate de travers montre que le personnage public ne maîtrise pas son image. Une cravate en goguette dit que l’homme n’est pas président, voire aurait envie de fuir et de retrouver sa normalité. Au dîner de son premier G8 en mai 2012, sa cravate à contretemps est moquée par Barack Obama. Elle dit que l’homme n’a pas compris les règles des grands de ce monde et qu’il n’en fait donc pas partie. La cravate est encore à contretemps lorsqu’en avril 2015, François Hollande se présente, endimanché, pour dialoguer avec des lycéens dans l’émission dominicale Le Supplément sur Canal Plus.

Sous couvert d’une lecture « people » de l’actualité, la cravate cristallise les interrogations des médias et des Français sur la capacité de l’homme à exercer la fonction. Le procès implicite est d’autant plus cruel que la cravate a une forte charge symbolique, qu’au début du quinquennat, la répartition des rôles avec Valérie Trierweiler a souvent été moquée et que depuis janvier 2014, le Président vit seul, officiellement. […]

5. Lucette (chapitre 6 : François Hollande, roi du bad buzz)

Le 29 octobre 2015, en visite en Lorraine, François Hollande va prendre le café chez Lucette, une infirmière à la retraite, à Vandœuvre-lès-Nancy. Plusieurs caméras filment la scène. L’Élysée tweete les photos de cette rencontre où il ne se dit pas grand-chose. Tout aurait pu s’arrêter là.

C'était sans compter la curiosité de BFM-TV qui est allé à la rencontre de Lucette pour comprendre comment on accueille chez soi le chef de l’État. Dans un reportage intitulé Les coulisses de la rencontre entre François Hollande et Lucette et diffusé en boucle, on apprend que la mairie a tout organisé en amont, de la décoration au café, en passant surtout par les sujets à aborder : "mardi, des gens sont venus, de l’Élysée, pour me poser des questions, pour savoir ce que je devais dire et ne pas dire. Je voulais dire qu'il s'occupait beaucoup d'immigrés et pas beaucoup des clochards qui crèvent dans la rue, mais ça, il ne fallait pas que je le dise” y déclare la retraitée. » Alors, coup de com' ou manipulation ? Le débat est lancé. L’opposition s’y engouffre.

Comme vexés d’avoir été trompés par un subterfuge de communication, les médias nationaux alimentent la polémique. Le 2 novembre, la banale rencontre avec Lucette devient un fait majeur de l’actualité politique. Harcelée par les journalistes, Lucette quitte son appartement et se réfugie chez sa fille, alors qu’une rumeur la disait hospitalisée. Le Figaro titre en une « Hollande : l’échec de l’hypercommunication ». […]

6. Chômage (chapitre 8 : Moi, Président, je ferai… Sa com’ sur ses politiques)

L’erreur commence avant l’élection de François Hollande, lorsque celui-ci déclare dans une interview au JDD, le 15 avril 2012 : « le chômage n’est pas une fatalité. Et j’inverserai la courbe ». Le héraut du changement est alors grisé et se voit peut-être plus fort que François Mitterrand et Lionel Jospin réunis, eux qui avaient renoncé à travers deux formules : « dans la lutte contre le chômage, on a tout essayé » pour le premier, « l’État ne peut pas tout » pour le second. Le 9 septembre 2012, sur TF1, la promesse du candidat devient l’objectif fixé par le Président : « je pense que nous devons inverser la courbe du chômage d’ici un an ». Il va traîner cette phrase comme un boulet pendant l’essentiel de son quinquennat. […]

La formule du Président sur TF1 pose au moins six problèmes. Elle voit le chômage uniquement à travers une statistique macroéconomique, sans empathie pour les drames des chômeurs, sans espace pour des récits individuels, qu’ils soient négatifs (perte d’emploi) ou positifs (recrutement, réinsertion…). Elle réduit toute l’action de l’État et des entreprises à la gestion technicienne d’une statistique : « inverser la courbe ». Elle occulte aussi toutes les autres actions de François Hollande et du gouvernement puisque seule compte désormais l’évolution de la courbe. Au plan de la communication, elle focalise l’attention des médias et des Français sur un rendez-vous mensuel où l’on observe la statistique pour juger le gouvernement, un rendez-vous qui tourne vite à la mise au pilori. […]

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