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Première dictée d'écriture inclusive: bilan d'une soirée d'un genre inédit

Dernière actualisation : 26/01/2017, 16:34

Le 19 janvier dernier, Mots-Clés organisait la première dictée d’écriture inclusive en partenariat avec Mediapicking. Retour sur les objectifs et les temps forts de cette soirée d’un genre inédit.

Fondée par Raphaël Haddad, l’agence de communication Mots-Clés défend l’idée que le langage n’est pas un instrument de l’influence, mais bien le lieu où l’influence s’exerce. Que c’est non seulement par les mots, mais aussi dans les mots qu’une organisation peut exercer son autorité.

Pour faire vivre cette idée, elle s’est engagée depuis plusieurs mois dans une démarche visant à montrer comment l’écriture inclusive pouvait faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes. Pour promouvoir cette démarche, l’agence organisait le 19 janvier dernier chez FauveParis, la première dictée d’écriture inclusive, énoncée par Audrey Pulvar.

Soirée placée en hommage à Anne-Marie Houdebine qui nous a quitté·e·s fin 2016, linguiste à l’initiative de la commission de terminologie chargée d’étudier la féminisation des titres et des fonctions, cette dictée a réuni 80 professionnel·le·s de la communication, universitaires, journalistes et citoyen·ne·s venu·e·s découvrir ou redécouvrir cette manière d’écrire. Plusieurs milliers de personnes l’ont également suivi en livestream sur la page Facebook du HuffingtonPost.

Faire progresser l'égalité femmes-hommes

Mais qu’est-ce que l’écriture inclusive au juste ? L’écriture inclusive désigne un ensemble d’attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité de représentation des femmes et des hommes dans notre langage.

« Le masculin l’emporte sur le féminin », « le masculin vaut neutre » : en introduction, Judith Vieille, directrice du développement déléguée de Mots-Clés et Raphaël Haddad, fondateur et directeur associé de l’agence ont rappelé comment la langue française participe de la construction, de l’intériorisation et de la perpétuation d’inégalités et des stéréotypes de sexe.

Aussi pour faire progresser les mentalités, il faut agir sur ce par quoi elles se structurent : le langage. Pour cela, trois conventions proposées par l’agence dans son Manuel d’écriture inclusive ont été présentées à l’assistance. La première de ces conventions consiste à accorder en genre les noms de grades, métiers et titres. La seconde est d’user du féminin et du masculin par l’énumération par ordre alphabétique, l’usage du point milieu ou le recours aux termes épicènes. Enfin, la troisième consiste à ne plus employer les antonomases du nom commun « Femme » et « Homme ».

La dictée : un édito de Françoise Giroud

Suite à cette introduction, le moment de la dictée d’écriture inclusive était venu ! L’assistance silencieuse et studieuse s’est prise au jeu de cette dictée remarquablement énoncée par Audrey Pulvar. Après avoir rappelé les raisons de son engagement, la journaliste et autrice qui se présente comme une « féministe prosélyte » a énoncé un extrait de « La boite à Malice » édito de Françoise Giroud paru en 1965 dans L’Express.

Publié lors de la première campagne présidentielle de la Ve République, ce texte portant sur la démocratie et la télévision aurait pu être écrit aujourd’hui, et ce, de diverses manières. En effet, suite aux témoignages inspirés de deux intervenantes pratiquant l’écriture inclusive, des appropriations très différentes de cette manière d’écrire se sont révélées à l’heure des suggestions. Preuve de la souplesse des conventions proposées, celles-ci ont donné lieu à des échanges stimulants, questionnant de façon singulière chacun des mots qui façonnent et remodèlent nos représentations du réel.

Un accueil positif, une invitation à poursuivre

« Que reste-t-il de cette expérience nouvelle ? » : comme une mise en abyme, les premiers mots de cette dictée d’écriture inclusive nous interrogent sur les suites à y donner.

D’abord, une manifestation de la sensibilité des Françaises et des Français aux sens charriés par notre langue. Les 80 personnes qui y ont assisté et les quelques milliers de personnes qui ont suivi la dictée en ligne l’ont démontré. Nous serons donc sans doute amené·e·s à rééditer cet événement.

Ensuite, une réception médiatique encourageante. Les articles écrits par Annabel Benhaiem du Huffington Post, Julien Baldacchino de France Inter ou encore Florian Bardou de Libération, ont suscité de nombreuses réactions et témoignent de l’intérêt grandissant pour cette approche.

D’ici quelques années, cette manière d’écrire sera institutionnellement légitimée par des préconisations normatives d’importance, notamment à l’initiative du HCEfh et de celles et ceux qui, comme nous, adoptent et promeuvent ces pratiques. À défaut de pouvoir mettre un point final à cette démarche, Mots-Clés propose d’ajouter quelques points milieu à nos phrases de sorte à rendre aux femmes la place qui leur revient dans notre langue et par là, dans notre société.  

Pour y parvenir, l’agence invite toutes celles et tous ceux qui le souhaitent à promouvoir ce changement sans attendre, en accueillant des ateliers d’initiation à l’écriture inclusive. Tenté·e ?

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