Hollande éliminé ? Le Figaro oublie plusieurs résultats de son sondage. - Mediapicking
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Hollande éliminé ? Le Figaro oublie plusieurs résultats de son sondage.

Dernière actualisation : 07/09/2015, 19:05

« 2017, le sondage qui inquiète l’Elysée » titre Le Figaro dans sa « une » du 7 septembre 2015. Le Figaro poursuit, en page 6, « Sondage : Hollande exclu du second tour ». Je ne suis nullement surpris par l’intention du Figaro de torpiller la conférence de presse du Chef de l’Etat.

Je suis, en revanche, étonné par plusieurs résultats du sondage qui figurent dans le document IFOP, en ligne sur le site du Figaro, mais qui sont passés sous silence dans le journal. Il me semble qu’il y a, au contraire, matière à espérer pour François Hollande. Surtout, les spécificités de l’élection présidentielle de 2017 font que le sondage du jour et l’article du Figaro comportent des limites, des biais et des angles morts.

Hollande éliminé. Le Figaro sonne la charge.

Le Figaro entend torpiller la conférence de presse du Chef de l’Etat : « François Hollande serait éliminé dès le premier tour de la présidentielle, qu’il soit opposé à Alain Juppé ou Nicolas Sarkozy ». Il ajoute : « véritable désaveu, 78 % des personnes interrogées ne souhaitent pas que François Hollande soit candidat à la présidentielle ». Il assène le coup de grâce : « bien plus inquiétant pour le chef de l’État : l’avance des candidats de la droite ne cesse de s’accentuer. Il y a encore quelques mois, Hollande n’était qu’à 2 ou 4 points de Sarkozy ou Juppé ». Je reviendrai sur ces chiffres dans quelques instants.

Relativiser l’enjeu des primaires

Une seconde intention ressort de l’article du Figaro : relativiser l’enjeu du combat attendu entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy à l’occasion des primaires de la droite et du centre. En effet, peu importe le résultat de ces primaires, c’est le candidat des Républicains qui serait qualifié pour le second tour… et qui devrait être élu Président face à Marine Le Pen. Le Figaro écrit ainsi : « les deux leaders de droite enregistrent le même score de 25 %, soit 6 points d’avance sur le président ».

Puisqu’il va falloir choisir entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, Le Figaro semble préférer celui qui talonne le plus Marine Le Pen, à savoir Nicolas Sarkozy : « Le président des Républicains capterait davantage l’électorat frontiste en limitant l’avance de Marine Le Pen au premier tour ». Nicolas Sarkozy serait seulement à 2 points derrière Marine Le Pen (27% pour celle-ci si le candidat LR est Nicolas Sarkozy), tandis qu’Alain Juppé accuserait un retard de 4 points (29% pour Marine Le Pen si le candidat LR est Alain Juppé).

Et pourtant, François Hollande peut espérer.

Au-delà des intentions du Figaro, le document IFOP donne matière à espérer à François Hollande parce qu’il fait apparaître des tendances qui sont favorables au Chef de l’Etat.

De 15% en septembre 2014, les Français sont 22% en septembre 2015 à souhaiter que François Hollande soit candidat à la prochaine élection présidentielle, soit une hausse de 7 points. Cette hausse est impressionnante lorsqu’on considère les seuls sympathisants socialistes : + 30 points en un an (64% en septembre 2015 contre 34% en septembre 2014). De même, 52% des sympathisants socialistes considèrent que François Hollande exerce mieux aujourd’hui la fonction de Président qu’au début de son mandat.

Quand Le Figaro confond les chiffres et ses désirs.

Autre motif d’espoir. Si l’on regarde les intentions de vote au 1er tour sur une période de 12 mois, il apparaît, dans l’hypothèse Sarkozy comme dans l’hypothèse Juppé, que tous les candidats sont globalement stables… à l’exception de François Hollande qui progresse de 3 points.

Pourtant, selon Le Figaro, « l’avance des candidats de la droite ne [cesserait] de s’accentuer ». Est-ce exact ? Que disent les sondages ? Il y a un an, l’écart dans les intentions de vote était de 9 points entre François Hollande et Nicolas Sarkozy. Aujourd’hui, il est de 6 points. Avec Alain Juppé, l’écart était de 8 points en septembre 2014. Aujourd’hui, il est également en recul : 6 points. S’il est exact, comme l’écrit Le Figaro, que Nicolas Sarkozy a creusé l’écart cet été, passant de 2 à 6 points d’avance entre juillet et septembre, il est faux d’écrire la même chose pour Alain Juppé : l’écart avec François Hollande s’est réduit, il est passé de 10 points en juillet à 6 points en septembre.

Le biais François Bayrou

Le sondage IFOP pour Le Figaro et RTL donne des indications sur l’état actuel de l’opinion à propos d’une élection qui se tiendra dans 20 mois et dont la liste des participants n’est pas encore arrêtée. Il est ainsi amené à mesurer les intentions de vote avec une hypothèse Sarkozy et avec une hypothèse Juppé. Dans les deux cas, il inclut François Bayrou dans la liste des candidats, alors même que François Bayrou a dit qu’il ne se présenterait pas en cas de victoire d’Alain Juppé aux primaires et qu’il n’est pas évident que François Bayrou s’embarque à nouveau dans l’aventure présidentielle si le candidat LR est Nicolas Sarkozy.

D’autres motifs d’espoir pour François Hollande

François Bayrou, de même que Jean-Luc Mélenchon, pèse environ 10% des intentions de vote. Même si Le Figaro cherche à imaginer les résultats d’un 1er tour sans François Bayrou, il est difficile et peu rigoureux d’avancer des chiffres tant que cette hypothèse n’est pas testée. Concernant Jean-Luc Mélenchon, il est probable que dans l’isoloir, plusieurs de ses sympathisants voteront utile et choisiront de ne pas disqualifier la gauche pour le 2ème tour de l’élection présidentielle. Enfin, dans l’hypothèse d’une victoire de Nicolas Sarkozy aux primaires, il importe de ne pas minimiser l’effet-repoussoir de l’ancien Président dans les médias et dans l’opinion. Au final, tout cela fait des motifs d’espoir pour François Hollande.

Et l’hypothèse d’un autre candidat à gauche ?

Le sondage IFOP fait l’hypothèse d’une candidature de François Hollande aux élections présidentielles de 2017. Il est conforté dans cette hypothèse par l’un de ses résultats : 70% des Français pensent que François Hollande sera candidat (ils étaient seulement 44% à le penser en septembre 2014).

Le Figaro écrit : « plus dangereux encore pour le chef de l’État, 53 % des électeurs de Hollande au premier tour 2012 ne veulent pas de lui comme candidat en 2017 ». Comment interpréter ce résultat ? Envie d’une primaire à gauche ? Refus d’un candidat par défaut ? Conviction qu’un autre candidat ferait mieux que François Hollande ? A être trop certains que le Chef de l’Etat sera candidat à sa réélection, les sondages, comme celui de ce jour, laissent un angle mort pouvant réserver des surprises. Puisque le sondage teste deux hypothèses à droite, pourquoi ne pas tester aussi deux hypothèses à gauche ?

Résignation ou accoutumance face à Marine Le Pen

J’en viens maintenant à celle qui survolerait le 1er tour de l’élection présidentielle de 2017 : Marine Le Pen. Il y a, hélas, une forme d’accoutumance ou de résignation à voir Marine Le Pen en tête des sondages pour l’élection de 2017. Ce résultat n’inquiète plus, n’alarme plus… probablement parce que l’on se dit qu’elle perdra au 2ème tour.

Pourtant, il y aurait lieu d’être inquiet car, comme le dit Jérôme Pourquet de l’IFOP dans Le Figaro, « la crise interne au FN ne lui a pas porté ombrage. Et par rapport au premier tour de 2012, elle gagne 9 points, ce qui est considérable ». Oui, il y aurait lieu d’être inquiet car, que le candidat LR soit Alain Juppé ou Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen arriverait en tête dans toutes les tranches d’âges… à l’exception de celle des 65 ans et plus. Le vrai défi de 2017, ce sera d’inverser ces résultats !

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