Présidentielle US: la course au fric mène à la maison blanche - Mediapicking
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Présidentielle US: la course au fric mène à la maison blanche

Dernière actualisation : 23/10/2017, 16:00
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Une campagne électorale, ça coûte. La campagne pour la présidence des USA, d’autant plus. Ce qui semblerait pour nous autres une contrainte, est vécue comme une opportunité supplémentaire par les candidats, leurs équipes et les médias pour confronter les différentes propositions. Comment diable font-ils d’une contrainte budgétaire une arme politique ? Une première réponse ici, en trois points.

Du budget de campagne à une « Money Race » spectaculaire

Les médias utilisent le terrain du financement des campagnes comme un axe d’analyse supplémentaire. Et bien loin d’une analyse froide, et suspicieuse, sur l’argent, ils rivalisent d’inventivité éditoriale et illustrative pour retransmettre cette autre scène de la course.

Ainsi, l’article du New York Times intitulé “Which Presidential Candidates Are Winning the Money Race” prend la question parfaitement à revers. La question n’est pas de savoir comment le déséquilibre des budgets menace l’équilibre démocratique, mais il s’agit de savoir quel est le candidat qui parvient à lever le plus efficacement de l’argent pour sa campagne.

Les visuels sont dignes de l’arrivée du tiercée à Maison Lafitte.

 

Cette approche de la course à l’argent est largement partagée aux travers des médias, et spécifiquement sur Internet. Le Washington Post a également sa page de curation consacrée à cette course à l’argent: ces espaces de regroupement d’informations éparpillées dans le journal, et réunies sous des mots clés recherchés par les internautes. Bloomberg n’est pas en reste sur ce thème.

Mais c’est Fox News qui décroche la palme du bon goût sur ce thème, avec une édition spéciale « 2016 Pres Candidates’ Cash » de l’émission « The Five », durant laquelle un panel de cinq chroniqueurs pas très informés se demandent comment Ben Carson a pu obtenir une fortune d’une valeur de 26 millions de dollar.

Ainsi, pour la presse, l’argent des candidats, qu’il soit personnel ou destiné à soutenir leurs campagnes, est un espace libre pour critiquer et mettre en scène. L’argent est un spectacle comme un autre.

Budget de campagne : un argument politique

Bien loin de s’en tenir à une certaine réserve à propos des finances des uns et des autres, les candidats évoquent les difficultés de budget de leurs adversaires, et leurs facilités à lever de l’argent, comme autant d’arguments en faveur de leurs propres candidatures.

Un sommet du genre a été atteint au début du mois d’octobre lorsque Donald Trump, qui décidemment pratique l’art de la nuance, a tiré à boulets rouges sur Marco Rubio, l’un de ses concurrents à l’investiture républicaine.

« Trump also took the opportunity Tuesday to once again slam Sen. Marco Rubio, R-Florida, as a "total lightweight" and even knocked Rubio for past financial difficulties: "Take a look at his past, he's got $12 in the bank."

"Rubio is not the guy that's going to be negotiating with the kinds of people you have to negotiate with to turn this country around," Trump said. » 

Non seulement Trump a raison sur les faits – largement vérifiés par des institutions indépendantes comme la Federal Election Commission (FEC) – mais il marque un point. Le rêve américain comprend une dimension de réussite financière, et la frugalité n’est pas une valeur première dans la culture américaine. Aussi, une faible réussite financière est une faiblesse politique aux USA.

Mais l’argent ne profite pas qu’aux riches.

Les fonds investis dans les campagnes sont scrutés : qui donne combien pour qui ? Et la loi comme la presse ne lésinent pas sur les moyens pour rendre public les flux financiers qui supportent les efforts de campagne. Ce faisant, les candidats peuvent exploiter non plus seulement les montants versés, mais même l’origine des fonds dans leurs argumentaires.

C’est la stratégie adoptée par l’outsider démocrate Bernie Sanders. Ce candidat qui adopte un style de vieux sage, proche de la réalité de la middle-class américaine, dont les propositions sociale-démocrates semblent très à gauche du débat aux Etats-Unis, n’a ni la fortune de Trump, ni les réseaux de soutien des familles Bush ou Clinton. Et pourtant, son financement est l’un de ses points forts politiques, notamment face à Hillary.

En effet, l’argent récolté par Sanders provient de la classe moyenne : une myriade de petits dons. Sanders n’est pas le candidat de riches donateurs qui veulent influencer la démocratie, mais celui d’une classe moyenne large : sa candidature paraît alors en elle-même d’une qualité démocratique supérieure. Le New York Times note ainsi :

« More than 80 percent of contributions to Bernie Sanders and Ben Carson through June 30 came from donations of $200 or less.

More than 80 percent of the contributions to Bobby Jindal and Jeb Bush through June 30 came from donations of $2,700 — the maximum allowed per candidate, per election. »

Super PACs : le spectacle de l’influence financière

Ce comparatif est aussi lisible dans le très sérieux Financial Times, qui donne une vision précise des sources de financements de chaque candidat. On y apprend notamment que jusqu’ici, Donald Trump n’a engagé que ses fonds propres.

Depuis la campagne pour l’élection présidentielle de 2008, la loi fédérale a ouvert la possibilité d’établir des Comité d’Action Politiques d’un nouveau genre. Ni liés à un candidat, ni à un parti politique, ils sont autorisés à agir dans le débat par le biais de campagnes de communication. Ces PACs sont appelés  Super PACs parce qu’il n’existe aucune limite supérieure aux fonds qu’une personne physique ou morale pourraient y déposer.

Cette astuce de financement est entrée, aidée par son charmant petit nom, de plein pied dans les commentaires politiques. Que Bernie Sanders ne soit soutenu par aucun Super PACs est donné son avantage. Mais, que Jeb Bush cumule des sommes faramineuses en provenance majoritairement de ce type de comité, est aussi analysé comme un signe très favorable face à ses concurrents républicains.

Avec ces Super PACs, la démocratie américaine a donné la possibilité à toutes les ressources financières de s’investir dans la campagne. Il existe un véritable risque de manipulation. Les groupes d’intérêts industriels et financiers sont les premiers à utiliser ces structures. Mais les groupements de cadres de différents métiers arrivent vite dans le classement. Les comités d’action politique forment aussi une voie de mobilisation des fonds privés, au service de l’élection présidentielle, et donnent plus de force médiatique à une campagne qui peut alors, in fine, mobiliser plus de citoyens.

L’exemple français, dimanche dernier, du référendum sur l’unité de la gauche donne une illustration parfaitement opposée : une élection à l’ambition populaire sans aucun moyen. Au final, presque personne n’a voté, et c’est toute la démocratie qui sort affaiblie à la veille des élections régionales. La gestion par les Américains de leur démocratie est sans doute critiquable, mais peu d’élections présidentielles dans le monde donnent lieu à une si puissante couverture médiatique, et un si fort retentissement. Il y aurait sans doute quelques bonnes idées à en retenir.

Commentaires (1)

  • Votre nom (obligatoire) a écrit le 21/10/2015, 15:04
    BRAVO POUR L'ARTICLE QUI TRAITE DES ELECTIONS AMERICAINES. EXELLENTE EXPLICATION DE CE MODE ELECTORAL!!! EST CE QUE CET ECRIT RAPPORTE DE QUOI VIVRE A SON AUTEUR?
Votre commentaire a bien été enregistré et est en attente de validation.