Rédérendum pour l'unité. La prophétie médiatique de Jean-Christophe Cambadélis - Mediapicking
FRANCE
  • #JeanChristopheCambadelis
  • #Referendum
  • #Régionales
  • #Unité
  • #Toppasflop

Rédérendum pour l'unité. La prophétie médiatique de Jean-Christophe Cambadélis

Dernière actualisation : 23/10/2017, 16:10

On aura rarement vu un tel décalage entre discours politiques et réalité des faits. Le référendum sur l’unité de la gauche aux élections régionales serait un succès, selon le premier secrétaire du parti socialiste, celui qui en a eu l’idée : « c’est le top, pas le flop », a-t-il même osé déclarer dimanche 18 octobre lors de l’annonce des résultats.

Certes, plus de 250 000 militants et sympathisants ont participé à ce scrutin, soit un chiffre pile entre la fourchette basse et la fourchette haute des objectifs fixés (et révisés en cours de route). C’est d’ailleurs ce chiffre qui a été mis en avant et retenu dans les médias, plus que le score stalinien d’un « Oui à l’unité » à près de 90 %, en réponse à une question dont la formulation ne laissait que très peu de marge de manœuvre pour s’y opposer.

Une couverture médiatique désastreuse pour le Parti socialiste

Pourtant, malgré cette autosatisfaction, la couverture médiatique de ce référendum a été désastreuse pour le Parti socialiste. Oublions les moqueries et critiques de leurs adversaires politiques, de l’extrême-gauche à la droite, en passant par les écologistes, principale cible de cette initiative. Les journalistes et éditorialistes ont été très durs : la surprise, qui a dominé les commentaires lors de l’annonce de ce référendum fin septembre, a laissé la place, petit à petit, à la mise en évidence de l’inutilité d’une telle consultation. A l’ouverture du scrutin, Alba Ventura sur RTL pointait « À quoi bon faire un référendum sur l'unité de la gauche, alors que l'unité de la gauche est un mirage ? » tandis qu’Alexandre Boudet dans le Huffington Post prédisait déjà « l’échec pour Jean-Christophe Cambadélis ». Mais, c’est surtout le peu de fiabilité qu’offrait la procédure de vote qui a occupé le terrain tout le weekend.

Dès les premières heures après l’ouverture des bureaux de vote, physiques et virtuels, le site France TV Info envoie une alerte à tous ses abonnés « Régionales : comment on a réussi à frauder au référendum du PS », ouvrant ainsi une brèche dans laquelle de nombreux journalistes s’engouffrent, se livrant à toutes sortes d’expérimentation : Le Figaro explique qu’il est possible de voter indéfiniment sur le site internet puisqu’il suffit de renseigner un nom et un code postal qui peuvent être totalement fictifs tandis que Metronews, Rue 89, l’Obs s’amusent à voter plusieurs fois ou à faire voter Paul Bismuth, Anne Lalanne ou Nicolas Sarkozy. Quelques reportages sur le terrain pointent également la faiblesse du dispositif sur le terrain : les bureaux de vote « physiques » sont minimalistes, avec une simple urne en carton posée sur une table dans la rue.

Top ou flop, Jean-Christophe Cambadélis adepte de la méthode Coué

Bref, une couverture médiatique qui a rythmé le weekend et qui ne pouvait que créer un biais dans la perception qu’on pourrait avoir des résultats. Avec tous ces « flops », malgré la certitude que le vote serait positif, comment sortir par le haut de cette initiative et faire de ce référendum « un top » ? C’était en tous cas la question qu’a dû se poser Jean-Christophe Cambadélis dimanche soir, en adoptant la méthode Coué. A force de se dire, et dire tout haut, que cette initiative est un succès, le nombre de participants en témoignant davantage que la victoire du « Oui », peut être que cette idée s’installera dans l’opinion ? Contre toutes attentes, sa prophétie auto-réalisatrice semble s’être exaucée.

Au lendemain de son discours, par pitié sans doute pour cet épisode peu glorieux de la campagne pour les régionales, les principaux médias se sont contentés d’être factuels dans leur articles du lundi, mettant en sourdine toutes les critiques qui avaient été formulées auparavant, et titrant essentiellement sur les chiffres de participation. Jean-Christophe Cambadélis a aussi dégainé des initiatives « chocs » : un appel à l’unité de tous les partis de gauche dès le 1er tour des élections, un courrier aux listes dissidentes, une lettre d’information à ces nouveaux militants unitaires… Bref, un écran de fumée pour montrer que cette consultation a servi à déclencher quelque chose, une nouvelle dynamique pour le Parti socialiste englué dans une baisse de sa popularité à l’approche de ce scrutin déterminant pour la suite du quinquennat de François Hollande.

« Un référendum pour Sainte Rita »

Avec ce plan d’actions, pas sûr que les journalistes soient à nouveau dupes, tellement il ne semble pas à la hauteur des enjeux. Le Monde daté du 21 octobre a déjà dégainé avec un éditorial ironique de Michel Noblecourt, intitulé « Un référendum pour sainte Rita », la patronne des causes désespérées : « Son résultat ne changera absolument rien au paysage calamiteux qu’offre la gauche à six semaines du premier tour des régionales. Dans aucune des treize nouvelles régions, la gauche ne se présente unie alors qu’elle était, dans la plupart des cas, rassemblée dans une même majorité dans les exécutifs sortants (…) Ni le référendum ni… sainte Rita ne pourront inverser la tendance. » Tout est dit.

Commentaires (0)

Votre commentaire a bien été enregistré et est en attente de validation.