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Florian Philippot, n°1 des invités du matin à la radio au 4ème trim. 2015 avec 12 interviews

Dernière actualisation : 20/01/2016, 12:17

Voici le top des invités du matin à la radio, ceux et celles qui ont été interviewés au moins 4 fois au 4ème trimestre 2015 par Thomas Sotto, Jean-Pierre Elkabbach, Jean-François Achilli, Léa Salamé, Patrick Cohen, Jean-Jacques Bourdin et Olivier Mazerolle.

Ces invités, ils sont 30 : 22 hommes et 8 femmes. Ils sont, tous, des politiques à l’exception de Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, interviewé 4 fois. A eux 30, ils ont réalisé 37% des 441 interviews du matin au 4ème trimestre sur Europe 1, France Info, France Inter, RMC et RTL. Le trio de tête est composé de Florian Philippot, 12 interviews, Manuel Valls, 9 interviews, et Xavier Bertrand, 8 interviews.

Entrons maintenant dans le détail de ce classement.

FN, la bande des 5 porte-parole

La personnalité la plus invitée le matin par les radios est Florian Philippot qui cumulait, au 4ème trimestre, les casquettes de Vice-Président du FN, tête de liste FN dans le Grand Est et Député européen. Le FN compte deux autres représentants dans ce classement : Marine Le Pen (6 interviews) qui cumulait, elle aussi, trois casquettes, et Gilbert Collard (4 interviews).

Avec Marion Maréchal Le Pen et Wallerand de Saint-Just, chacun, interviewés 3 fois et, tous deux, têtes de liste aux régionales, on tient la fine équipe des porte-parole du FN, celle qui truste les invitations à la radio… et qui se plaint souvent de la sous-représentation du FN dans l’espace médiatique. Une bande resserrée qui définit la ligne du parti et qui sait la porter publiquement, sans écart, ni dérapage.

Cette maîtrise de la parole médiatique joue un rôle important dans la progression du FN. Les radios, tout comme les chaines d’info en continu et de nombreux autres médias, sont-elles obligées de jouer selon les règles de porte-parolat fixées par le FN ? Au 4ème trimestre, le FN a été invité dans 10% des interviews du matin à la radio. Si ce pourcentage est inférieur aux scores électoraux du FN à l’échelle nationale, a-t-on envie d’entendre encore plus souvent, le matin, Florian Philippot et ses quatre amis ?

Manuel Valls, toujours prêt pour les coups durs

François Hollande ne figure pas dans ce classement. Au 4ème trimestre, il a été interviewé deux fois le matin : sur RTL le 19 octobre et sur Europe 1 le 3 novembre. Suite aux attentats, il a préféré les allocutions depuis l’Elysée, le discours devant le Parlement à Versailles ainsi que les discours et images d’hommage.

Manuel Valls a fait le choix inverse, cultivant ainsi sa complémentarité médiatique avec le Chef de l’Etat. Il arrive en deuxième position de ce classement avec 9 interviews du matin à la radio. Il occupe résolument l’espace médiatique, au risque de devoir parler de plus en plus fort pour être entendu.

Manuel Valls est toujours prêt à mouiller la chemise et à monter en première ligne pour les coups durs : les 16 et 17 novembre après les attentats de Paris, cinq fois en décembre pour incarner le combat contre le FN et pour faire passer sa ligne du retrait républicain. Il est alors secondé par deux acteurs « historiques » de la lutte anti-FN : Jean-Christophe Cambadélis (7 interviews) et Julien Dray (6 interviews).

Au Gouvernement, il y a aussi les discrets et les oubliés.

Manuel Valls compte huit membres de son gouvernement dans ce top des invités du matin. On trouve logiquement Stéphane Le Foll (5 interviews) en sa qualité de porte-parole, Laurent Fabius (5 interviews) porté par la crise en Syrie et la COP21, Bernard Cazeneuve (5 interviews) porté par la lutte contre le terrorisme, Ségolène Royal (4 interviews) portée par la crise du diesel et la COP21, ou encore Myriam El Khomri (4 interviews), portée par l’attrait de la nouveauté et qui s’est brulée les ailes le 5 novembre face à Jean-Jacques Bourdin qui l’interrogeait sur le CDI.

Certains ministres se font discrets à la radio le matin : une seule apparition pour Emmanuel Macron suite à ses propos en septembre sur les 35 heures et les fonctionnaires, et pour Jean-Yves Le Drian, Ministre de la Défense et par ailleurs candidat, puis président de la région Bretagne. D’autres ministres sont oubliés et ne sont jamais invités. Citons-les, pour mémoire : Sylvia Pinel, Fleur Pellerin et George-Pau Langevin. A l’exception de Jean-Marie Le Guen (5 interviews), c’est régime sec pour les Secrétaires d’Etat : zéro interview pour huit d’entre eux et une interview pour six d’entre eux.

Le régime sec vaut aussi pour les parlementaires socialistes, à l’exception de Bruno Le Roux (4 interviews), président du groupe PS à l’Assemblée Nationale. Les frondeurs ont, quant à eux, quasiment disparu du radar des radios. Les attentats et les régionales les ont mis au second plan.

Les Républicains : prime aux candidats, au parti et aux commentateurs

Le top des invités du matin compte neuf membres des Républicains au 4ème trimestre. Il ressort de ce classement une prime aux candidats, une prime à l’état-major du parti et une prime à quelques commentateurs à qui les radios attribuent une hauteur de vue sur la vie politique et sur celle de leur parti : Jean-Pierre Raffarin, Henri Guaino et Eric Woerth qui réalisent, chacun, 5 interviews.

Xavier Bertrand arrive en tête, chez Les Républicains, avec 8 interviews : il est à la fois candidat aux régionales contre Marine Le Pen, candidat à la primaire et nouveau président de la région Nord. Les autres candidats déclarés, probables, potentiels ou réfléchissant à la primaire suivent : François Fillon (7 interviews) porté par son livre, Nathalie Kosciusko-Morizet (7 interviews) en sa qualité de Vice-Présidente tenant des propos dissonants et Bruno Le Maire (4 interviews).

Nicolas Sarkozy (5 interviews) veut, tout d’abord, préserver sa stature et se tient éloigné des interviews du matin. Il descend dans l’arène, début décembre, et a alors droit à deux matinales entières sur les mêmes radios que Manuel Valls, comme si ces deux-là se marquaient à la culotte. Alain Juppé gère son avance sondagière et sa stature d’homme d’Etat : il donne 3 interviews, dont 2 à la suite des attentats.

Les cheffes vertes 2 fois plus invitées que les chefs rouges ou oranges

Le tour d’horizon des couleurs politiques de ce classement se termine avec deux élues vertes : Cécile Duflot (6 interviews) et Emmanuelle Cosse (5 interviews), toutes deux portées par les bisbilles dans leur parti, la crise du diesel, la COP21 et les débats sur la recomposition de la vie politique française.

Où sont le centre et la gauche de la gauche ? François Bayrou, Jean-Christophe Lagarde, Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent ont, chacun, réalisé 3 interviews au cours du 4ème trimestre. Il leur manque une interview pour figurer dans ce classement. Certains trouveront étonnant que les cheffes des verts réalisent, chacune, deux fois plus d’interviews que les chefs des rouges ou des oranges.

Régionales : la France réduite au Nord et à l’Ile-de-France

Au 4ème trimestre, le choix des invités du matin a souvent été guidé par les élections régionales. Les radios ont choisi de traiter ce sujet comme un enjeu national, en braquant leurs projecteurs sur deux régions, l’Ile-de-France et le Nord, et en ignorant quasiment toutes les autres régions.

L’Ile-de-France est, certes, la région de la capitale. En plus, les candidats y sont à proximité des studios de radio. Claude Bartolone a ainsi été interviewé 5 fois et Valérie Pécresse 4 fois. Deux chefs de parti, qui étaient aussi têtes de liste en Ile-de-France, ont profité de leurs doubles casquettes : 6 interviews pour Emmanuelle Cosse et pour Nicolas Dupont-Aignan. Côté FN, Wallerand de Saint-Just n’est pas très loin avec 3 interviews. Le focus sur le Nord est encore plus fort avec 8 interviews pour Xavier Bertrand, 6 interviews pour Marine Le Pen et 5 interviews pour la tête de liste socialiste, Pierre de Saintignon.

Ce focus n’a joué pas pour le Grand Est car si Florian Philippot est n°1 des invités du matin au 4ème trimestre, il cumule plusieurs casquettes et, surtout, ses deux principaux rivaux dans le Grand Est n’ont été invités qu’une seule fois. Il n’a pas joué, non plus, pour la région PACA où Christian Estrosi et Marion Maréchal Le Pen ont, certes, été invités trois fois chacun, mais où leur dernière interview était très éloignée du 1er tour des régionales : le 10 novembre pour le premier et le 26 novembre pour la seconde.

Pourquoi des têtes d’affiche nationales pour parler des régionales ?

Si l’on considère uniquement les régions métropolitaines, quatre nouveaux présidents de région n’ont jamais été interviewés, le matin, au 4ème trimestre : François Bonneau, Carole Delga, Marie-Guite Dufay et Hervé Morin (je n’indique pas les régions, à vous de voir si vous savez les placer sur une carte). Et il y eut une seule interview du matin pour Bruno Retailleau, par ailleurs président du groupe LR au Sénat, et pour Alain Rousset, par ailleurs président de l’Association des Régions de France.

Rétrospectivement, que penser de cette nationalisation du scrutin régional et de ce focus sur deux régions ? Est-ce une appétence pour l’affrontement qui serait incarné par le combat contre le FN, dès lors que l’opposition classique entre gauche et droite serait vue comme tiède ou dépassée ? Est-ce un symptôme des marges de manœuvre limitées des régions sur les sujets prioritaires pour les Français, la lutte contre le chômage et contre le terrorisme ? Plus prosaïque, est-ce le besoin de têtes d’affiche qui vont assurer le spectacle et porter un discours national s’adressant à tous les auditeurs ?

Au moment où il aurait fallu aider les régions issues de la réforme territoriale à s’affirmer, les radios nationales ont fait le contraire.


 

Les interviews du matin sur Europe 1, France Info, France Inter, RMC et RTL sont, du lundi au vendredi, des rendez-vous médiatiques importants (essentiels pour ceux qui aspirent à y être invités). Les interviewers sont des personnalités connues qui, pour certaines, occupent ce créneau depuis longtemps : Thomas Sotto et Jean-Pierre Elkabbach, Jean-François Achilli, Léa Salamé et Patrick Cohen, Jean-Jacques Bourdin, Olivier Mazerolle. L’Observatoire des Invités du Matin s’intéresse, chaque mois, à leurs choix. Ces journalistes ont, en cumulé, environ 140 créneaux à remplir par mois. Qui choisissent-ils d’inviter ? Qu’est-ce qui ressort de leurs choix ?

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