Najat Vallaud-Belkacem sur Canal Plus: il n'y a pas que sa passivité qui pose problème. - Mediapicking
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Najat Vallaud-Belkacem sur Canal Plus: il n'y a pas que sa passivité qui pose problème.

Dernière actualisation : 24/10/2017, 15:11

Najat Vallaud-Belkacem était l’invitée-vedette, le 24 janvier, de l’émission d’Ali Baddou, Le Supplément sur Canal Plus. Marianne et d’autres médias ont vite pointé son silence et son malaise face à Idriss Sihamedi, président de l’association BarakaCity. La polémique part dans deux directions : d’un côté, BarakaCity, son « islam normal », son « djihadisme pacifique », sa « popularité » et ses « actions humanitaires », de l’autre, Najat Vallaud-Belkacem, sa passivité qualifiée de faute politique majeure, voire d’humiliation pour la France.

C’est de la Ministre dont il va ici être question. D’ordinaire, Najat Vallaud-Belkacem est souriante ou cassante. Elle parle beaucoup de grands principes. Elle ne veut pas être prise en défaut. Tout glisse sur elle, sans l’atteindre. Ici, la mauvaise séquence ne glisse pas. Elle va lui coller à la peau.

La Ministre essaie, à deux reprises, de rectifier le tir, d’abord en refusant, sur Facebook, de se « rabaisser à la polémique » « avec un individu qui se situe en dehors du champ républicain », puis en s’en prenant, dans Le Parisien, à l’émission qui « invite des gens infréquentables pour faire du buzz ».

Revenons quelques instants sur l’émission du 24 janvier dans son intégralité – pas uniquement la séquence BarakaCity – et sur la double contre-attaque qui a suivi. Elles en disent beaucoup sur Najat Vallaud-Belkacem, sa rhétorique, sa vision du monde, son amateurisme et ses écarts avec la triste réalité d’une vidéo, que chacun peut voir sur Internet.

Sur l’école, une rhétorique de l’esquive

Tout avait pourtant bien commencé. Au début de l’émission, c’est la séquence « Djihad : la réponse de Najat Vallaud-Belkacem ». Le reportage met en scène la Ministre dans un colloque sur la radicalisation, dans la préparation d’une école à un attentat, lors d’une audition à l’Assemblée Nationale et dans son bureau au Ministère. Il fait un détour par le Petit-Bard, ce quartier de Montpellier où des mères d’origine maghrébine et souvent voilées réclament des têtes blondes dans l’école de leurs enfants.

Le reportage et l’interview qui suit en plateau sont l’occasion, pour Najat Vallaud-Belkacem, de déployer sa rhétorique permettant de ne jamais être pris en défaut. La rhétorique est blindée. La Ministre a toujours une formule ou une pirouette pour s’en sortir sur l’école. En voici quelques exemples.

On a le courage d’expérimenter : « ça a des chances de marcher, mais aussi ça a des chances de ne pas marcher.  Est-ce une raison pour ne pas tenter ? ». On dilue sa responsabilité : « l’école ne peut pas tout, mais l’école peut beaucoup ; nous avons une part de responsabilité ». On écarte ses échecs : « il y a toujours un contre-exemple dans l’Education Nationale ». On charge ses prédécesseurs : « les constats qu’on fait sur l’école d’aujourd’hui sont la résultante de politiques publiques décidées il y a dix ans ».

Au début de l’émission, complaisance et bienveillance

Le reportage et l’interview sont très cools avec Najat Vallaud-Belkacem. Ils passent sous silence l’opposition à la réforme du collège, la grève à venir du 26 janvier 2016, les retards de la réserve citoyenne de l’Education Nationale… Ils n’évoquent ni les 857 élèves suspectés de radicalisation en 2014-2015, ni les difficultés des professeurs confrontés à ces élèves. Ils écoutent poliment la Ministre dire qu’elle agit, mais ne demandent aucun bilan, par exemple du plan national de lutte contre la radicalisation.

Au lieu de tout cela, ils se focalisent sur ce que Najat Vallaud-Belkacem présente comme son arme face à la menace terroriste : la mixité sociale. Ali Baddou et Azzaedine Ahmed-Chaouch adhèrent aux propos de la Ministre : « On ne peut pas parler des valeurs de la République à des élèves qui vivent une situation de ségrégation sociale, de territoires oubliés, de zéro mixité, donc zéro chance de réussite ».

A croire Najat Vallaud-Belkacem, il n’y aurait ni terrorisme, ni djihadisme si l’école était un lieu de mixité sociale. Aucune question sur le bien-fondé de cette affirmation, ni sur les excuses qu’elle fournit à ceux qui se mettent « hors du champ républicain », comme Idriss Simahedi. Aucune question, non plus, sur la contribution personnelle de la Ministre à la mixité sociale à travers la scolarisation de ses enfants dans un établissement similaire à celui du Petit-Bard à Montpellier.

Soudain, une réponse hallucinante

Venons-en à la séquence qui fait l’objet du scandale. A l’écran, elle est intitulée : « Humanitaire : l’affaire Moussa ». En plateau, Ali Baddou et Azzaedine Ahmed-Chaouch demandent plusieurs fois à Idriss Simahedi s’il condamne l’Etat islamique (EI). Celui-ci biaise en prétextant un « deux poids, deux mesures », trouve qu’il est injuste de lui poser cette question parce qu’il est musulman, puis fait une réponse alambiquée mêlant conditionnel et double négation. Ali Baddou le coupe : « on est gêné de la réponse, pour tout vous dire ». Il se tourne vers la Ministre : « envie de réagir ? ».

Najat Vallaud-Belkacem répond non, puis fait une réponse hallucinante : « c’est une association qui porte une façon de voir les choses qui n’est pas la mienne, à laquelle je ne souscris pas, qui me met mal à l’aise sur votre plateau ». On se pince ! Elle oublie les grands principes dans lesquels elle aime d’ordinaire se draper. Elle centre son discours sur sa personne. Elle bascule dans le relativisme et l’émotionnel. Tout se vaut, même si nous portons des regards différents sur le monde : mon regard n’est ni meilleur, ni pire que le vôtre. Tout se vaut, mais « je ne rajouterai rien » parce que cela « me met mal à l’aise ». Relativisme et subjectivité, voire nombrilisme, est-ce cela la vision du monde de Najat Vallaud-Belkacem ?

Une passivité qui disqualifie

Najat Vallaud-Belkacem fréquente assidûment les émissions de télévision. Elle sait s’opposer ou condamner, lorsqu’elle souhaite le faire en plateau. Elle sait, mais elle a choisi de ne pas le faire dans l’émission du 24 janvier, sur Canal Plus. Ce choix pose problème, voire la disqualifie pour l’exercice des fonctions de Ministre de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.

Il pose problème parce que la première séquence de l’émission présentait la réponse de Najat Vallaud-Belkacem au djihad et à la radicalisation. Cette séquence fait l’objet d’un démenti en direct, quelques minutes plus tard, lorsque mise en présence d’une personne salafiste, prônant le djihad (pacifique) et refusant de condamner l’EI, la Ministre se limite à dire qu’elle n’est pas d’accord, puis invoque un malaise avant de se taire. Est-ce cela sa vraie réponse au djihad ?

Il pose un problème parce que Najat Vallaud-Belkacem s’exprime à la première personne du singulier et parle, avant tout, de sa personne. Ne lui en déplaise, elle a valeur d’exemple pour tous les enseignants confrontés, au nom de l’islam, à la radicalisation et à la contestation de leurs cours en sciences, sport, histoire, géographie… Comment demander à ces enseignements de se battre si leur Ministre ne se bat pas ? Faire preuve de relativisme, se taire, courir à l’infirmerie quand un discours met mal à l’aise… Quel mauvais signal !

Bavardages et plaisanteries, comme si de rien n’était

La séquence BarakaCity est maintenant terminée. Idriss Simahedi a quitté le plateau. Najat Vallaud-Belkacem va, elle, y rester jusqu’à la fin de l’émission. Il reste encore près de 40 minutes. Les deux séquences suivantes sont autour de l’humoriste Jérémy Ferrari et du créateur de mode Nicolas Ghesquière.

Pendant ces deux séquences, Najat Vallaud-Belkacem avait amplement le temps de dire sa « sidération » et de parler de « propos scandaleux », comme elle l’écrira sur Facebook, dans l’hypothèse où elle aurait préféré ne pas « aller au clash », comme elle le dira au Parisien. Elle ne le fera pas. Elle se comporte alors comme si tout glisse sur elle. Le malaise disparaît aussi vite qu’il est apparu. Najat Vallaud-Belkacem rit beaucoup pendant la suite de l’émission. Elle bavarde et plaisante avec les deux invités suivants, comme si de rien n’était. Changer ainsi d’humeur en quelques instants. Quelle interprète ! Comment porter alors du crédit à la nausée et à l’indignation qu’elle clame dans Le Parisien ?

Amateurisme dans la préparation de l’émission

L’émission toute entière met en lumière l’amateurisme de la Ministre et de son entourage. Va-t-on dans une émission en sachant si peu de choses sur le déroulé et sur les autres invités ?

Difficile de croire que Najat Vallaud-Belkacem ignorait qu’une séquence de l’émission porterait sur un membre de BarakaCity détenu au Bangladesh et qu’une autre séquence porterait sur Jérémy Ferrari, l’humoriste qui a défié Manuel Valls dans l’émission « On n’est pas couché ». Elle pouvait, avant l’émission, se renseigner sur BarakaCity et se préparer au discours radical d’Idriss Simahedi. Elle pouvait aussi se renseigner sur Jérémy Ferari et regarder la séquence opposant l’humoriste à Manuel Valls.

Najat Vallaud-Belkacem n’a rien fait de tout cela. En fait, elle n’a rien préparé, à part ses messages habituels sur l’école et la mixité sociale. Lorsqu’elle réagit aux propos d’Idriss Simahedi, elle prend soin de souligner : « encore une fois, je ne connais pas bien l’association ». Plus tard, elle invoque, en rigolant, un dîner tardif chez des amis pour expliquer qu’elle n’a pas vu Manuel Valls chez Laurent Ruquier… comme si la vidéo n’était pas sur Internet. Enfin, c’est Jérémy Ferrari qui lui rappelle qu’ils se sont déjà croisés à l’occasion d’une campagne de son ancien ministère contre les violences faites aux femmes.

Après l’émission, deux mises au point qui l’enfoncent encore plus

Najat Vallaud-Belkacem se retrouve au centre d’une polémique parce qu’elle ne voulait pas « se rabaisser à une polémique », comme elle l’écrit sur Facebook. Cette mauvaise séquence va durablement lui être associée. La Ministre engage successivement deux contre-attaques : le 25 janvier, un message sur sa page Facebook, le 26 janvier, une interview intitulée « Aurais-je dû aller au clash ? » dans Le Parisien.

Problème ! Ces deux contre-attaques sont aussi peu convaincantes que sa prestation pendant l’émission. Najat Vallaud-Belkacem ne reconnaît aucun tort. Elle explique même, dans Le Parisien, qu’elle a eu le bon comportement pendant l’émission. Elle renvoie la faute sur les autres, à savoir Idriss Simahedi et ceux qui l’ont invité sur le plateau de l’émission, comme si elle n’était pas critiquée pour sa passivité, comme si la seule cause de la polémique était « l’intervention inacceptable du président d’une association ».

Une overdose de déni de réalité

Sur Facebook, Najat Vallaud-Belkacem veut réécrire la vidéo de l’émission : « j’ai non seulement exprimé mon profond désaccord, mais aussi refusé d’engager un débat avec un individu qui se situe en dehors du champ républicain ». Profond désaccord ? On cherche encore. Quant au refus de débattre, il suffisait de le dire, mais cela ne fut point dit. La Ministre invoque « la sidération », mais être sidéré, ce n’est pas la même chose qu’être mal à l’aise. Elle conclut : « toujours opposer la pensée à la barbarie, sans jamais la rabaisser à la polémique ». Ici encore, il suffisait de le dire, y compris pendant les deux séquences suivantes.

Ces deux contre-attaques sont des sommets dans la rhétorique qui veut faire prendre des vessies pour des lanternes. Najat Vallaud-Belkacem fait ici une overdose de déni de réalité. La vidéo de l’émission, voilà la réalité. Et pendant les trente dernières minutes de cette vidéo, on voit Najat Vallaud-Belkacem bavarder et plaisanter avec un humoriste, un créateur de mode et deux chroniqueurs qui ont passé en revue sa biographique et son look vestimentaire. C’est grotesque, mais hélas, c’est réel.

Commentaires (1)

  • René Chiche, agrégé de philosophie a écrit le 31/01/2016, 09:54
    Les moeurs républicaines exigent son départ immédiat. Chaque jour de plus passé à son poste de ministre est une insulte à la République de la part de son président en titre. Je précise que je ne suis pas de droite, et que je parle en qualité de citoyen, simplement. https://www.change.org/p/monsieur-le-premier-ministre-démission-de-la-ministre-de-l-éducation-nationale'recruiter=181912396&utm_source=share_petition&utm_medium=facebook&utm_campaign=share_facebook_responsive&utm_term=des-lg-share_petition-custom_msg&fb_ref=Default
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