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9 janvier 2015 : gravité, réalisme, mais toujours plusieurs non-dits dans l'allocution de François Hollande

Dernière actualisation : 02/10/2015, 09:13

François Hollande s’est adressé à la Nation en direct depuis l’Elysée, une deuxième fois en 48 heures. La première fois, c’était le 7 janvier suite à l’attentat contre Charlie Hebdo. Le 9 janvier, l’allocution présidentielle était suivie d’une longue interview de Manuel Valls au JT de TF1.

Chacun a en tête la séquence dramatique qui s’est achevée avec l’assaut simultané contre les assassins de Charlie Hebdo et contre l’assassin de la policière de Montrouge et des otages de l’Hyper Cacher. En regardant François Hollande, je me suis intéressé à deux choses : sa posture présidentielle et les non-dits qui continuent d’affaiblir son propos.

Une posture présidentielle réussie

François Hollande a réussi à exprimer avec gravité, retenue et sobriété trois messages : la France a fait face, l’Etat a bien fonctionné et l’Etat avait un chef pendant la crise. Il a parlé au nom de la Nation, sans chercher à se mettre en avant, en saluant « le courage, la bravoure, l’efficacité des gendarmes, des policiers, de tous ceux qui ont participé à ces opérations ». Manuel Valls et le service de communication de l’Elysée se sont chargés, plus tard, de glorifier la geste, la posture et les décisions du Président pendant la crise.

François Hollande a parlé avec solennité, mais aussi avec réalisme en ajoutant par rapport à l’allocution du 7 janvier que « la France n’en a pas terminé avec les menaces dont elle est la cible » (2 min). Du haut de son statut de Président, il a conclu en annonçant qu’il manifesterait le 11 janvier (ce dont personne ne doutait compte tenu des dirigeants étrangers qui avaient déjà annoncé leur participation) et en appelant les Français à « se lever », donc à manifester hors de toute polémique politicienne.

Les mêmes non-dits que le 7 janvier

48 heures après son allocution du 7 janvier, alors même que le parcours des trois terroristes est connu, François Hollande continue de ne pas nommer l’ennemi, le problème et la situation.

La situation, c’est la guerre qui est menée par la France au Sahel, en Irak et qui vient de frapper sur le territoire national. Le problème, c’est la liberté d’expression, avec le sens irrévérencieux à l’encontre de tous les pouvoirs et de toutes les religions qui a longtemps été donné en France à cette liberté.

Non seulement François Hollande et de nombreux acteurs publics français se sont bien gardés d’évoquer explicitement ce sens très français de la liberté d’expression, mais François Hollande a même donné l’impression de rejeter cette liberté d’expression et de s’en prendre à Charlie Hebdo, lorsqu’il a indiqué, le 9 janvier à la mi-journée, de façon très maladroite : « Rassurer la population, c'est lui dire qu'elle vit dans un état de droit, et avec la volonté d'être ensemble, de refuser les surenchères, les stigmatisations, les caricatures les plus désolantes, et de faire que tous nos concitoyens puissent être ensemble, dans la République ».

Surtout, François Hollande sort de son rôle de Président de la République et se métamorphose en autorité musulmane ou, a minima, en expert de l’islam, lorsqu’il affirme (3 min 30) : « Ceux qui ont commis ces actes, ces terroristes, ces illuminés, ces fanatiques, n'ont rien à voir avec la religion musulmane ». Cette affirmation coupe tout lien entre les terroristes et la religion musulmane. Pour autant, elle n’apporte aucune réponse à plusieurs questions fondamentales : qui est l’ennemi ? Au nom de quoi agit-il ? Quels sont ses objectifs ?

Enfin, François Hollande ne donne pas, à l’écran, l’image de quelqu’un ferme, stable et résolu, à la différence de Manuel Valls dans l’interview qui suit le message présidentiel pendant le JT de TF1. Il balance son corps. Il plonge souvent les yeux dans son texte. Mais pourquoi n’utilise-t-il pas un prompteur ? Il aurait ainsi évité de baisser les yeux lorsqu’il a dit (4 min) que la France n’a pas peur. Dommage !

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