Les interviews du matin sur Europe 1, France Info, France Inter, RMC et RTL (ordre alphabétique) sont, du lundi au vendredi, des rendez-vous médiatiques importants (essentiels pour ceux qui aspirent à y être invités). Les interviewers sont des personnalités connues qui, pour certaines, occupent ce créneau depuis longtemps : Thomas Sotto et Jean-Pierre Elkabbach, Jean-François Achilli, Léa Salamé et Patrick Cohen, Jean-Jacques Bourdin, Olivier Mazerolle. L’Observatoire des Invités du Matin s’intéresse, chaque mois, à leurs choix. Ces journalistes ont, en cumulé, environ 140 créneaux à remplir par mois. Qui ont-ils choisi d’inviter en septembre 2015 ?

70% des invités du matin sont des politiques.

Les politiques sont ultra-majoritaires parmi les invités du matin. Ils ont occupé 98 créneaux sur un total de 141 et ont donc compté pour 70% des invités du matin. Il est vrai que les responsables politiques peuvent parler à la fois des réfugiés, de la Syrie, de la rentrée des classes, des fonctionnaires, de François Hollande, de sa conférence de presse, ainsi que des élections à venir, qu’il s’agisse des régionales ou de la primaire de la droite et du centre. Il est vrai, aussi, qu’ils sont probablement les seuls à pouvoir s’exprimer sur autant de sujets en moins de 15 minutes.

Très peu d’invités issus de l’entreprise ou de la société civile

Les autres invités du matin en septembre 2015 étaient des experts (9% des 141 créneaux), principalement en économie et en environnement, des invités culturels (6%) dont Michel Sardou, Eric Cantona et Benoit Poelvoorde et des hauts fonctionnaires (5%), principalement des ambassadeurs (Russie, Allemagne, Hongrie et Israël). Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie en France, a notamment été invité deux fois (RMC et RTL).

Les responsables d’entreprises ou de syndicats occupent une portion très congrue, avec respectivement 4% et 2% des invités. Côté entreprises, Delphine Ernotte qui est devenue présidente de France Télévisions en septembre, a été invitée deux fois (Europe 1 et France Inter). Si l’on parle beaucoup d’emplois pendant les interviews du matin, force est de constater qu’on y donne rarement la parole à ceux qui les créent. En fin de course, les acteurs associatifs, communautaires et sportifs ont, chacun, compté pour 1% des invités du matin.

Sous-représentation des femmes et de l’Europe

Quid de la parité hommes-femmes ? En septembre 2015, 26% des invités du matin étaient des femmes. La radio qui a eu le plus grand nombre d’invitées a été Europe 1 (12 femmes).

Y a-t-il ouverture sur l’Europe et sur le reste du monde ? En septembre 2015, les invités du matin étaient, pour 90% d’entre eux, des invités français. Il y aura toujours quelqu’un pour dire qu’il s’agit de radio et qu’une interview traduite est fatigante pour l’auditeur. Est-ce une raison suffisante pour que l’actualité internationale soit regardée avec un point de vue français dans l’écrasante majorité des cas ? Parmi les rares invités étrangers, signalons Ben Johnson, Maire de Londres, Ali Bongo, Président du Gabon, et Pablo Iglesias, leader de Podemos en Espagne.

En particulier, l’Europe est sous-représentée. On compte, en septembre 2015, trois interviews : Martin Schulz, président du Parlement Européen, Pierre Moscovici, commissaire européen, et Guy Vehofstadt, président du groupe libéral au parlement européen. Les cinq interviews de députés européens français sont, en fait, des interviews sur la politique française de proches ou d’anciens proches de Nicolas Sarkozy : Brice Hortefeux, Rachida Dati et surtout Nadine Morano (3 fois).

Top 3 ex-aequo : Marine Le Pen, Najat Vallaud-Belkacem et Bruno Le Maire

Les cinq radios étudiées ont-elles les mêmes invités ? Oui, plutôt. 41% des créneaux du matin ont été occupés par des invités qui ont donné, chacun, deux, trois, voire quatre interviews en septembre 2015.

Qui est invité le plus souvent ? Deux femmes et un homme qui comptent, chacun, quatre interviews matinales. Les deux femmes ne sont pas des surprises. Marine Le Pen est cheffe d’un parti qui compte peu de porte-parole nationaux ; elle est, de plus, candidate aux élections régionales. Najat Vallaud-Belkacem est à la fois portée par la rentrée des classes et par ses annonces sur la dictée et sur la notation des élèves.

L’homme est plus inattendu. Il n’est ni chef de parti, ni ministre, ni candidat aux régionales. A son actif, il a réussi à incarner un renouveau, à émerger parmi les leaders de son parti et à surfer sur l’actualité à bon escient. C’est Bruno Le Maire.

Trois interviews, chacun, en septembre 2015

Avec trois interviews chacun, viennent, ensuite, Claude Bartolone, à la fois candidat aux régionales et président de l’Assemblée Nationale, François Bayrou, chef de parti qui est d’autant plus écouté dans ses critiques à l’encontre de François Hollande qu’il avait appelé à voter pour lui en 2012, la députée européenne Nadine Morano (deux interviews sont antérieures à ses propos sur l’Europe de race blanche) ainsi que la Ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui a bénéficié de plusieurs annonces.

Ministres socialistes : 28% des invités politiques du matin

92 des 141 créneaux matinaux de septembre 2015 (soit 65% des créneaux) ont été occupés par des personnalités politiques françaises.

Le PS compte pour 40% de ces créneaux, Les Républicains pour 37% et le FN pour 8%. Au sein du PS, les ministres et anciens ministres (Jack Lang et Hubert Védrine) ont réalisé 29 interviews, soit 32% des interviews de politiques français et 78% des interviews socialistes… ce qui laisse peu de place aux députés socialistes, que ceux-ci soient favorables ou opposés à la politique économique du gouvernement.

Au sein des Républicains, les deux principaux candidats déclarés à la primaire – Alain Juppé et François Fillon – ont, chacun, donné deux interviews matinales et participé à des émissions plus longues.

Deux absents en septembre : Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron

Enfin, ce premier observatoire des invités du matin compte deux absents : Nicolas Sarkozy qui a préféré s’exprimer plus longuement dans des interviews en presse écrite (Le Figaro sur les réfugiés, Les Echos sur ses propositions économiques et sociales) et Emmanuel Macron, le ministre de l’économie qui, sans interview matinale, a occupé une part significative du temps d’antenne des invités du matin en septembre 2015.