Attentats: Christine Angot complètement perchée - Mediapicking
ATTENTATS
  • #ChristineAngot
  • #LeMondedesLivres
  • #EcriresansTrembler
  • #LaBelleEquipe
  • #Stendhal

Attentats: Christine Angot complètement perchée

Dernière actualisation : 24/10/2017, 14:48

Prendre de la distance à chaud est un exercice délicat, que Christine Angot rate spectaculairement dans Le Monde des Livres daté du 20 novembre et intitulé "Ecrire sans trembler", son numéro spécial sur les attentats.

Titré "La Belle équipe", son texte est un développement sur l'incapacité des intégristes à distinguer la réalité de la fiction, ce qui les conduit à tirer sur un groupe de musique au Bataclan ou à attaquer Charlie Hebdo. Voici le début de son analyse, qu’il faut citer un peu longuement.

"En 1822, à Baltimore, on donne au théâtre une représentation d’Othello, la pièce de Shakespeare. On demande à un soldat de se mettre en faction dans la salle, il doit veiller au bon déroulement des choses, comme le ferait un vigile. C’est une histoire vraie. Elle nous a été racontée par Stendhal. Les faits sont réels. Donc, en 1822, la représentation d’Othello commence. Le soldat a un fusil à ses pieds, il surveille la salle. Il est là pour ça, c’est son travail. En même temps, il regarde la pièce. Et, quand Othello, fou de jalousie, se jette sur Desdémone, le soldat prend son fusil et tire. Un Noir se jette sur une jeune femme blanche, le soldat a son fusil, c’est immédiat, il saisit son arme, il tire sur l’acteur de la pièce, l’acteur est touché, c’était un tir à balles réelles. L’acteur ne meurt pas, mais il est blessé.

La même chose a eu lieu chez nous, amplifiée, et préméditée. Au Bataclan, on donnait, vendredi 13 novembre, un concert d’un groupe californien, The Eagles of Death Metal. Ils étaient en train de jouer quand les soldats de Daech ont tiré. Comme si la musique métal risquait de leur transpercer les yeux, et qu’au Bataclan la scène n’était pas musicale et fictive, mais réelle. De la même façon que les dessinateurs de « Charlie » étaient en train de dessiner quand les frères Kouachi ont tiré".

Une anecdote inventée par Stendhal

Problème, Christine Angot fait exactement ce qu’elle reproche aux "soldats de Daech" !  Elle confond, elle aussi, la réalité et la fiction car l’anecdote de Baltimore est une invention de Stendhal. Fascinante, certes, mais une invention quand même.

L’historien canadien de la littérature, Michael D. Bristol, explique dans « Big-Time Shakespeare », publié en 1998,  comment Stendahl a probablement construit cet incident, qu’aucun journal local du Maryland n’a jamais rapporté.

L’écrivain s’est inspiré de deux faits-divers contemporains. Le premier était l’attaque à Paris d’un théâtre jouant précisément Othello, au cri de « A bas Shakespeare, c’est un aide de camp de Wellington ! ». Les agresseurs voulaient venger Napoléon. Le 27 août 1822, par ailleurs, l’African Theater de Baltimore est pris pour cible et incendié, probablement, disent les journaux, par la troupe concurrente du théâtre « Circus Riders ».

L’anecdote de Baltimore est connue des spécialistes de Stendhal comme une allégorie sur le pouvoir de la fiction. Le livre de Michael D. Bristol ne semble pas avoir été traduit, mais il est disponible sur books.google.fr. Personne au Monde des Livres n’a pris la peine de vérifier.

Donner la parole à des écrivains alors que des victimes sont encore entre la vie et la mort repose sur le postulat que ces écrivains ont quelque chose d’important à dire, que l’acuité de leurs analyses mérite qu’on les entende sans délai.  En l’occurrence, l’introduction malencontreuse de Christine Angot propage une légende, au moment où des milliers de policiers traquent la vérité dans ses moindres détails.

Sous le choc, des phrases confuses

La suite du texte conduit à se demander si Christine Angot comprend quelque chose aux idéologies ou aux religions en général car celles-ci font une ligne très précise entre le réel et le monde parfait auquel chacune d’entre elles aspire. Que veulent dire les phrases suivantes ?

« La civilisation, c’est ça, c’est voir le réel grâce à un processus qui l’inverse, et qui le rend visible en versant dans nos têtes de l’imaginaire. Ce processus inversé, c’est la ligne. Et, quand on ne la connaît pas, quand on ne la repère pas, qu’on ne veut pas la voir, on ne peut pas distinguer ces deux espaces, et on sort de la civilisation. »

Encore sous le choc des attentats, Christine Angot n’est pas à une contradiction près. "Les identités n’existent pas. Arrêtons. On n’est rien. On n’est pas musulman, on n’est pas juif, on n’est pas catholique, on n’est pas blanc, on n’est pas homme, on n’est pas femme", lance-t-elle, avant de dire exactement le contraire dans sa dernière phrase : "on joue en équipe, et notre équipe, c’est l’équipe de France". Il y a donc des identités puisque nous avons la nôtre, française ! Et quand on joue, c’est toujours contre quelqu’un. Ici, c’est Daech et ce n’est pas un jeu, c’est une guerre.

Dans le portrait que Libération lui consacrait le 29 juin 1999, Christine Angot disait : "La réalité et la fiction; au milieu, un mur". Il semble qu’elle soit exactement entre les deux, sur le mur. En un mot, elle est complètement perchée.

Commentaires (0)

Votre commentaire a bien été enregistré et est en attente de validation.