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Crises en France. Pour en parler le matin à la radio, beaucoup de Socialistes.

Dernière actualisation : 03/06/2016, 12:05

En mai, la France baigne dans les crises. Il y en a pour tous les goûts. Sociale avec la Loi Travail et les grèves. Politique avec le 49-3 et la marche d’Emmanuel Macron. Sécuritaire avec les casseurs et le ras-le-bol des policiers. Identitaire avec les polémiques Black M et Benzema. Et sexuelle avec les révélations sur les détestables techniques de drague de Denis Baupin. Après une pause en avril, c’est le retour en force des politiques et des syndicalistes dans les 147 interviews du matin à la radio en mai.

Les politiques sont tout-terrain et peuvent parler de toutes les crises, y compris celle relative au machisme et au harcèlement dans leur profession. Ils réalisent 66% des interviews du matin en mai, contre 58% en avril. Les syndicalistes s’imposent, eux, comme des invités incontournables, au titre de leur capacité à bloquer ou à réformer. Ils occupent 10% des créneaux du matin en matin, contre 6% de janvier à avril. C’est leur heure de gloire radiophonique. Difficile d’en dire autant pour la France

Au top des invités en mai, les syndicats

Le débat radiophonique sur toutes les crises en cours s’organise autour d’un nombre restreint d’invités : 48% des créneaux sont occupés par des personnes qui ont donné plus d’une interview du matin en mai. Dans le détail, vingt personnes ont été invitées deux fois. Neuf personnes ont été invitées trois fois, dont Laurent Berger (CFDT) et Jean-Claude Mailly (FO). Et une personne a été invitée quatre fois. Il est au top des invités du matin en mai, après l’avoir déjà été en janvier et en avril. Il voit rouge et porte la moustache. C’est, bien sûr, Philippe Martinez (CGT), adepte du lancer de pneu dans les brasiers. Il paraît qu’il joue son va-tout. En tout cas, il aura eu l’opportunité de se faire entendre.

Retour de François Hollande à la radio le matin

Comme la France est en crises, les têtes d’affiche doivent sortir de leur abstinence radiophonique et retrouver le chemin des studios. Face au champion des grèves, on trouve logiquement le matador de la vie politique française : Manuel Valls, avec trois interviews, dont une réalisée par Jean-Pierre Elkabbach depuis Jerusalem. Au cours de ce voyage en Israël, le premier ministre aura autant parlé du Proche-Orient que de la Loi Travail, des grèves, des blocages et des pompes à essence.

François Hollande a, lui, participé à une matinale complète d’Europe 1 le 17 mai. C’était sa première interview du matin de l’année. En résumé, "je ne cèderai pas » sur la Loi Travail", « ça va mieux en France », « ça suffit, les casseurs » et un lapsus laissant entendre qu’il n’y a pas d’autre alternative que lui à gauche pour 2017. Dans les deux camps d’en face, Alain Juppé poursuit sa campagne, à son rythme avec une interview du matin en mai, et Marine Le Pen cultive sa rareté avec une deuxième interview du matin depuis le début de l’année. Seul Nicolas Sarkozy garde le silence : à date, zéro interview du matin en 2016.

49% des invités politiques sont socialistes

Au-delà du bipartisme qui ressort des choix des radios pour leurs invités du matin, ce qui frappe en mai, c’est la très forte proportion de socialistes dans les 96 interviews de politiques français en mai : 49%. Ce pourcentage pourrait faire croire à une hégémonie radiophonique. Il reflète, avant tout, l’opposition interne qui existe au sein du PS à la politique du gouvernement.

Dans ces 49%, il y a à la fois des soutiens de la Loi Travail, des frondeurs opposés à cette Loi et courant après une motion de censure ainsi que des ministres invités à cause d’une actualité dans leur champ d’intervention. Du côté des soutiens, on peut citer les inusables Jean-Marie Le Guen et Stéphane Le Foll (chacun, 3 interviews du matin). Myriam El Khomri, la ministre qui donne son nom à la Loi Travail, poursuit son recul : quatre interviews du matin en mars, trois en avril et deux en mai. Du côté des opposants, c’est à la fois le grand retour d’Arnaud Montebourg (2 interviews) et l’heure de gloire pour quelques frondeurs : Christian Paul, Jean-Marc Germain, Pascal Cherki (chacun, 2 interviews).

Primaires pour Les Républicains, Affaire Baupin pour les Verts

Les Républicains ont réalisé, en mai, 31% des interviews du matin de politiques français, un niveau équivalent à celui des mois précédents. La primaire approche. Les radios commencent à concentrer leurs invitations sur les candidats effectifs ou déclarés : François Fillon et Nathalie Kosciusko-Morizet (chacun, 3 interviews), Bruno Le Maire, Jean-François Copé et Nadine Morano (chacun, 2 interviews).

En mai, 80% des invités politiques des matinales sont issus du PS ou des Républicains. Dans les 20% restants, on trouve les Verts (8%) et le FN (5%). Les Verts réalisent leur deuxième meilleur score de l’année, non pas grâce à leurs propositions, mais grâce au livre « Contre Valls » de Noël Mamère (3 interviews du matin) et aux frasques de leur camarade Denis Baupin. Ils sont invités à s’indigner et à expliquer pourquoi ils ont gardé le silence. Le 10 mai, sur France Info, Emmanuelle Cosse alias Mme Baupin, dit avoir confiance en son mari et renvoie à la justice.

 

Entreprises : 3% des invités du matin

Quand les politiques et les syndicalistes occupent, à eux deux, 76% des créneaux des interviews du matin, il reste mécaniquement moins d’espace pour les invités culturels (7% en mai, contre 10% en avril), pour les experts (5% en mai, contre 8% en avril) et pour les entreprises (3% en mai, contre 6% en avril).

Côté culture, le mois de mai est le mois du festival de Cannes. On notera une interview de Woody Allen, de Jodie Foster et de Xavier Dolan, ainsi que deux interviews d’Audrey Azoulay, la nouvelle ministre de la Culture (interviews comptabilisées en politique). Côté entreprises, Isabelle Kocher, la première femme à diriger une entreprise du CAC40 est invitée le 4 mai sur RTL. Alain Weill, PDG de NextRadio, le groupe de RMC et BFM, nouvel allié d’Altice qui possède entre autres Libération, L’Express et i24, était l’invité de France Inter pour parler du paysage médiatique français. La démarche, inédite, mérite d’être soulignée.

Enfin, Charles Beigbeder, l’un des cinq représentants du monde de l’entreprise à donner une interview du matin en mai, était invité à parler de son attachement aux racines chrétiennes de l’Europe. Faut-t-il que les acteurs de l’entreprise s’aventurent dans des territoires politiques et identitaires pour les radios nationales les invitent à leurs interviews du matin ?

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