Conférence de presse du 5 février 2015 : François Hollande taille son costume, mais conserve ses travers - Mediapicking
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Conférence de presse du 5 février 2015 : François Hollande taille son costume, mais conserve ses travers

Dernière actualisation : 23/10/2017, 15:51

François Hollande a donné le 5 février la cinquième conférence de presse de son quinquennat. De l’avis des participants, elle fut meilleure que les précédentes. Je souhaite, pour ma part, souligner trois points.

Une écriture médiatique réussie

L’Elysée ne s’est pas contenté d’organiser une conférence de presse. Il a, enfin, mis en œuvre une stratégie d’écriture médiatique avant, pendant et après l’événement.

Le cadrage général de la conférence de presse était connu à l’avance des journalistes et du grand public : posture présidentielle de François Hollande, propos resserré et focalisé sur le champ régalien, absence de nouvelles politiques publiques. Les médias avaient un contenu très cadré à se mettre sous la dent avant l’événement et ne pouvaient pas être déçus par l’absence d’annonces pendant l’événement.

Une conférence de presse à 11h (au lieu de 17h pour la précédente) garantissait une présence dans les journaux TV de la journée et de la soirée, ainsi que dans la presse quotidienne du lendemain.

Enfin, l’annonce d’un déplacement avec Angela Merkel à Kiev, puis à Moscou a surpris les journalistes. Elle a nourri la posture présidentielle de François Hollande, ainsi qu’une double couverture médiatique : d’abord à Paris, puis à Kiev.

Le costume du Président

François Hollande serait apparu « plus président que jamais », ainsi que TF1 l’a souligné dans son journal de 20 heures. Cet angle a été choisi par plusieurs autres médias. La conférence de presse donne donc de la matière pour dire ce qu’est ou ce que doit être un vrai Président de la République.

Le résultat laisse à désirer. Un vrai président serait ainsi quelqu’un qui emploie de grands mots (de préférence, ceux de la devise nationale), qui incarne à la fois la Nation et la République, qui tend à la France un miroir flatteur, qui se pose comme le gardien d’un héritage et de valeurs. Mais un vrai président serait, aussi, quelqu’un qui regarde le présent et l’avenir avec les yeux d’hier, qui esquive les questions des journalistes lorsqu’elle ouvre de nouvelles perspectives (cf. Le Point.fr) et qui se fige pour que rien ne change ou parce qu’il ne peut rien changer.

Deux travers : l’abus d’unité et l’abus d’égalité

Le 5 février 2015, François Hollande a beaucoup parlé d’unité et d’égalité. Chacun de ces deux mots appelle un rapide commentaire.

Unité. François Hollande voit « l’esprit du 11 janvier » comme la preuve de l’unité de la République et de la Nation (le point de départ et le point d’arrivée de la manif du 11 janvier et de nombreuses autres manifs). Il fait comme si chacun en France mettait le même sens derrière les mots d’ordre du 11 janvier : « je suis Charlie », liberté d’expression et laïcité. Il refuse de voir que de nombreux Français n’ont pas voulu manifester, sont mis hors de la République du fait de leur vote FN, se sentent hors de la Nation et dans un système d’apartheid ou, encore, s’identifient en premier lieu à d’autres communautés que la communauté nationale.

Egalité. François Hollande use tellement de ce mot qu’il le vide de son sens. Aujourd’hui, qui va croire à l’égalité économique, à l’égalité des territoires (une promesse de François Hollande le 5 février), à l’égalité des écoles (une autre promesse qui doit donner lieu à une refondation de l’école, deux ans après celle de 2013) ? En faisant de l’égalité l’alpha et l’oméga de sa politique, François Hollande se paie de mots, apparaît insensible aux réalités et nuit à la crédibilité de tout son propos.

Pire, il affaiblit la République en la mettant dans l’incapacité de tenir des promesses impossibles. Pire, il renforce le FN qui pousse l’égalité par le sang, la race, la religion et la couleur de peau et qui promet à ses sympathisants une égalité ethnique et une préférence nationale. Car cette « égalité » peut sembler à beaucoup plus facile à obtenir que toutes les égalités promises par François Hollande.

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