149 personnes à inviter, 149 créneaux à remplir en octobre 2015, pour les interviews du matin de Thomas Sotto et Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1, de Jean-François Achilli sur France Info, de Léa Salamé et Patrick Cohen sur France Inter, de Jean-Jacques Bourdin sur RMC et d’Olivier Mazerolle sur RTL. Qui ont-ils choisi d’inviter en octobre 2015 ?

Prédominance des invités à la fois masculins, politiques et français

Le mois dernier, 93% des invités du matin à la radio sont français. 82% sont des hommes. 63% sont des politiques. Quand on croise ces trois critères, on constate que près de la moitié des invités du matin à la radio en octobre, 48% exactement, sont des hommes politiques français. On est très loin de la parité, de l’ouverture sur le monde et d’un regard autre que politique sur les affaires de la France et du monde.

En octobre, les femmes et les étrangers ont été encore moins invités qu’en septembre. Les femmes ont occupé 18% des créneaux, contre 26% en septembre. Les femmes qui cumulaient 3 ou 4 interviews en septembre (Marine Le Pen, Najat Vallaud-Belkacem, Nadine Morano et Marisol Touraine) ont quasiment disparu des invités du matin en octobre (1 seule interview pour Marine Le Pen et pour Marisol Touraine).

Moins d’invités étrangers qu’en septembre 2015

Les étrangers sont, eux aussi, en recul en octobre (7%) par rapport à septembre (10%). La crise des réfugiés et l’intervention russe en Syrie avaient permis un peu d’ouverture internationale en septembre. Ce n’est plus le cas en octobre. Le mois dernier, les invités étrangers sont principalement américains (4 invités sur un total de 10). L’Union Européenne est quasiment inexistante. Parmi ces 10 invités étrangers, signalons le réalisateur Martin Scorsese (France Inter), John Chambers, le PDG de Cisco (Europe 1), et Ouided Bouchamaoui, l’une des récipiendaires du Prix Nobel de la Paix (Europe 1).

Des acteurs syndicaux, mais toujours très peu d’entreprises

Lorsqu’ils ne sont pas politiques, les invités du matin en octobre sont principalement des intellectuels et des acteurs culturels (9% des invités), des acteurs syndicaux (7%), des hauts fonctionnaires et dirigeants d’organismes publics (5%) et des experts (5%), notamment en politique et géopolitique.

L’actualité sociale a été intense avec les chemises déchirées chez Air France, les manifestations de policiers et d’avocats et l’accord sur les retraites complémentaires. D’où une plus grande présence des syndicats dans les interviews du matin en octobre qu’en septembre. Les entreprises sont, elles, quasiment absentes en octobre. Sur les 4 interviews de dirigeants d’entreprise, celle d’Alexandre de Juniac est liée au conflit chez Air France et celle de Clara Gaymard, Présidente de GE France, est liée à une activité associative : la présidence du Women’s Forum.

Alain Finkielkraut et Mourad Boudjellal

Le débat sur les intellectuels, très présent en septembre dans les quotidiens nationaux, s’est poursuivi dans les interviews du matin en octobre avec, notamment, deux interviews d’Alain Finkielkraut (France Inter et RMC). Pierre Manent, l’autre intellectuel très présent en presse écrite en octobre, est, lui, absent des invités du matin à la radio. Signalons, enfin, les deux interviews d’un acteur du sport qui sait aussi parler de nombreux sujets politiques : Mourad Boudjellal, président du RC Toulon et opposant au FN (Europe 1 et France Inter).

Au top en octobre: Pierre de Saintignon avec 4 interviews

Les invités du matin passent souvent d’une radio à une autre. 44% des 149 créneaux en octobre ont été occupés par des personnes qui ont été interviewés au moins deux fois à la radio le matin : 20 personnes ont été interviewées deux fois, 7 personnes trois fois et 1 seule personne quatre fois, contre 3 en septembre.

Qui est au top des invités du matin en octobre ? Un politique qui était quasiment inconnu en août et qui, si les sondages ne se trompent pas, devrait retrouver un relatif anonymat en janvier 2016 : Pierre de Saintignon, la tête de liste PS aux élections régionales en Nord-Pas de Calais-Picardie (à fin octobre, seule Europe 1 ne l’a pas invité).

Son rival chez Les Républicains, Xavier Bertrand, a été invité deux fois en octobre et une fois en septembre. Sa rivale du Front National, Marine Le Pen a été invitée une fois en octobre… mais 4 fois en septembre. Dans cette région, une autre tête de liste, qui était quasiment inconnue en août, a également fait partie des invités du matin en octobre : Sandrine Rousseau de EELV.

Focus sur le nord: quel est l’objectif?

La région Nord-Pas de Calais-Picardie est la seule région à compter, en octobre, autant d’interviews du matin pour ses têtes de liste. Loin derrière arrivent l’Ile-de-France et la région PACA. Les têtes de liste dans les autres régions ne font pas partie, pour l’instant, des invités du matin.

S’agit-il de permettre à Pierre de Saintignon de rattraper son retard en notoriété ? De donner une valeur nationale au scrutin en Nord-Pas de Calais-Picardie ? D’ériger en épouvantail la possibilité d’une victoire de Marine Le Pen ? Ou, plus cruellement, d’interroger le perdant annoncé du 1^er tour sur son attitude au 2^ème tour ? Probablement, les quatre à la fois.

Est-ce efficace ? Certainement pas. Marine Le Pen n’a pas besoin de se lever tôt le matin pour aller dans les studios de radio. Elle n’a pas, davantage, besoin de se coucher tard pour tenir le rôle du gladiateur TV dans Des Paroles et Des Actes sur France 2. Les journalistes et ses rivaux parlent d’elle et cela lui réussit.

7 personnes invitées 3 fois

Un syndicaliste et six politiques ont, chacun, été invités trois fois le matin en octobre. Le syndicaliste est Philippe Martinez de la CGT. Bouder une conférence sociale et refuser de signer un accord social ouvriraient la voie des studios de radio. Chez les politiques, Emmanuelle Cosse de EELV était servie par les régionales, le diesel, la COP21 et les défections, François Fillon par son livre, Jean-Christophe Cambadélis par les élections et son référendum et Stéphane Le Foll par la viande rouge. A leurs côtés, Henri Guaino et Jean-Marie Le Guen se sont installés dans les rôles de commentateur tout-terrain de l’actualité.

Près de la moitié des interviews politiques pour le PS

En octobre, 92 des 149 créneaux matinaux, soit 62% des créneaux, ont été occupés par des personnalités politiques françaises. Le PS compte pour 46% de ces créneaux et est en hausse par rapport à septembre. Il est proche des 50% si on lui ajoute les 2 interviews de Christiane Taubira.

Au sein du PS, les ministres et anciens ministres (Hubert Védrine) ont réalisé 26 interviews, soit 29% des interviews de politiques français et 62% des interviews socialistes. Ce pourcentage est en net recul par rapport à septembre (78%) grâce aux élections régionales : 4 interviews pour Pierre de Saintignon, 3 interviews pour Jean-Christophe Cambadélis et 2 interviews pour Claude Bartolone et pour Julien Dray.

Les écologistes (EELV d’aujourd’hui et d’hier) occupent 8% des créneaux, eux aussi en hausse par rapport à septembre. Les Républicains et le FN sont, quant à eux, en recul, avec respectivement 32% et 5% des interviews du matin à la radio en octobre. La tripartition politique des Français, qui est observée dans les sondages, ne se retrouve pas dans les invités du matin.

Une interview de François Hollande

Ce panorama des invités d’octobre serait incomplet sans signaler l’interview de François Hollande (RTL) et deux interviews de Manuel Valls (RTL et RMC - voir ici une analyse de cette interview). Ayons, enfin, une pensée pour les absents d’octobre : pas d’interview du matin pour Emmanuel Macron, l’un des ministres les plus populaires, après ses deux sorties de septembre sur les 35 heures et les fonctionnaires, ni pour les deux favoris de la primaire de la droite et de centre, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy.

Les interviews du matin sur Europe 1, France Info, France Inter, RMC et RTL sont, du lundi au vendredi, des rendez-vous médiatiques importants (essentiels pour ceux qui aspirent à y être invités). Les interviewers sont des personnalités connues qui, pour certaines, occupent ce créneau depuis longtemps : Thomas Sotto et Jean-Pierre Elkabbach, Jean-François Achilli, Léa Salamé et Patrick Cohen, Jean-Jacques Bourdin, Olivier Mazerolle. L’Observatoire des Invités du Matin s’intéresse, chaque mois, à leurs choix. Ces journalistes ont, en cumulé, environ 140 créneaux à remplir par mois. Qui choisissent-ils d’inviter ? Qu’est-ce qui ressort de leurs choix ?