François Hollande s’est exprimé, à deux reprises, le 7 janvier 2015, suite à l’attentat contre Charlie Hebdo : une déclaration en journée sur les lieux-même de l’attentat et une allocution en direct à 20h depuis l’Elysée. Il était grave, ferme, tendu. Il a eu des mots très forts, en particulier à propos des victimes de l’attentat : « ce sont aujourd’hui nos héros ».
J’ai choisi, pour ma part, de m’arrêter sur ce que François Hollande a décidé de ne pas dire dans son allocution : les non-dits qui affaiblissent l’ensemble de son propos.
En premier lieu, François Hollande n’a pas voulu dire son émotion personnelle face à l’assassinat d’auteurs qui font partie de nos vies, de nos rires, de notre culture, de notre imaginaire. Pourtant, quand on est triste, cela fait du bien de le dire et cela fait du bien aux autres de l’entendre, en particulier quand la tristesse est partagée par une grande partie de la nation.
Surtout, François Hollande s’est attaché à ne pas nommer les choses :
- Il parle de la liberté d’expression, mais n’emploie jamais le mot « caricature », comme si les douze assassinats n’avaient pas été commis contre la liberté de caricaturer les religions et notamment l’islam et son prophète, comme si Charlie Hebdo était un journal parmi d’autres, faisant la même chose que tous les autres journaux.
- Il parle de l’obscurantisme, du terrorisme et du fondamentalisme, mais ne parle pas à aucun moment de l’islamisme, de l’Etat Islamique, des départs pour le Jihad et des retours du Jihad, comme si le terrorisme était une fin en soi, comme si les terroristes pratiquaient le terrorisme pour le terrorisme, sans référence à aucune idéologie.
- Il parle de l’idéal de justice et de paix ainsi que du message de paix et de tolérance qui est défendu par la France, mais n’emploie pas le mot « guerre », comme si la France n’était pas en guerre en Irak, au Mali et désormais sur son propre territoire.
Au final, François Hollande donne l’impression de ne pas assumer la réalité d’une guerre contre l’islamisme et pour la défense des libertés, dont celle de caricaturer. Il ne peut donc pas être volontaire et combatif puisqu’il n’y a ni guerre, ni ennemi clairement désigné. De même, il ne peut pas appeler les Français à la vigilance et au courage face à la menace d’autres attentats. Enfin, il ne peut avoir de message spécifique et explicite ni à l’attention des Français musulmans, ni à l’attention de ceux qui voudraient les amalgamer aux terroristes islamistes.
En ne nommant pas les choses, François Hollande affaiblit son message et la France.
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