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Invités du matin: qui pour parler des crises en février?

Dernière actualisation : 02/03/2016, 10:49

Déchéance, remaniement, loi travail, primaires, réfugiés, crise agricole… Des sujets au menu de nombreux invités du matin en février sur Europe 1, France Info, France Inter, RMC et RTL. Logiquement, les politiques sont en force pour en parler : ils occupent 65% des 139 créneaux de février, contre 58% en janvier. Ce qui frappe néanmoins, c’est la quasi-absence des poids lourds à un moment où les crises politiques s’accumulent et où l’exécutif bat de nouveaux records d’impopularité.

Une seule interview du matin pour Manuel Valls depuis le début de 2016

En février, seuls deux poids lourds ont donné une interview le matin sur une radio nationale : Manuel Valls le 23 février sur RTL pour dire qu’il ira jusqu’au bout de la loi sur le travail, puis Martine Aubry le 25 février, elle aussi sur RTL, pour donner la version orale de sa tribune au vitriol, « Sortir de l’impasse », publiée la veille dans Le Monde. Ou la réponse de la bergère au berger sur fond d’une demande de primaire à gauche.

La cure d’abstinence matinale est sévère pour Manuel Valls qui avait cumulé 9 interviews du matin au 4ème trimestre 2015.

Absent des matinales depuis le début de 2016, François Hollande s’est, quant à lui, invité le 19 février sur France Inter pour quasiment deux heures d’antenne en direct depuis Bruxelles. C’était à l’issue de l’un de ces sommets extraordinaires dont l’Europe a le secret… et avant de s’envoler vers l’autre bout de la planète pour l’un des périples les plus décalés de son quinquennat.

Abstinence pour se régénérer ?

La maison France prend l’eau de toutes parts. Idem pour l’Europe. On cherche en vain les autres poids lourds parmi les invités du matin à la radio. Il faut dire qu’au gouvernement, il n’en reste plus beaucoup. Si l’on considère qu’une popularité élevée dans les sondages donne du poids politique, alors notons qu’Emmanuel Macron, le ministre le plus populaire, n’a donné aucune interview du matin en février.

A droite et au FN, les poids lourds brillent, eux aussi, par leur absence. En février, zéro interview du matin pour Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon et Marine Le Pen.

Chez chacun d’entre eux, il y aurait, derrière ces plans médias très maigres, la volonté de se régénérer, de retrouver un contact direct avec les Français et, dans le cas d’Alain Juppé, de faire campagne à son rythme, c’est-à-dire au rythme de ses opus. A défaut d’avoir le favori des sondages pour 2017, France Inter et Europe 1 invitent des piliers de son équipe : Gilles Boyer le 9 février et Edouard Philippe le 10 février. A défaut d’avoir le président des Républicains, Europe 1 invite son avocat, Me Thierry Herzog.

A la radio comme au rugby, on compte sur les deuxièmes lignes

Après les absents, qui a été le plus invité à la radio le matin en février ? Au top, on trouve Henri Guaino avec 4 interviews. Le député a l’avantage d’associer la hauteur de vue, le sens de la formule et des propos parfois dissonants avec le reste de son camp, par exemple sur la réforme du Code du Travail.

Avec 3 interviews chacun, suivent Stéphane Le Foll, Jean-Marie Le Guen, Luc Chatel et Florian Philippot qui signe son grand retour dans les matinales (il avait cumulé 12 interviews au 4ème trimestre 2015).

Stéphane Le Foll est en première ligne sur la crise agricole. Jean-Marie Le Guen assure, bien seul, la défense des actions du Gouvernement. Luc Chatel inaugure, quant à lui, son nouvel habit de président du Conseil National des Républicains. Florian Philippot, enfin, occupe l’espace radiophonique pendant que sa présidente cultive son silence. C’est un peu « la voix de son maître », même si certains au FN pensent que le maître, c’est lui.

Remaniement, l’indifférence

En février, il y eut un remaniement. Ce non-événement fut souvent critiqué ou moqué pendant les interviews du matin à la radio. Il n’a pas suscité d’appétence pour les nouveaux venus, même si certains attendaient l’appel de l’Elysée depuis près de quatre ans.

Une seule interview du matin pour les nouveaux ministres Jean-Michel Baylet, Jean-Vincent Placé, Jean-Jacques Urvoas et Emmanuelle Cosse. Sur France Inter, celle-ci a pu entendre en direct la rancœur de militants du parti qu’elle dirigeait, il y a quelques jours encore, et dont elle a été démissionnée.

Aucune interview pour les partants, à l’exception de Laurent Fabius. Surtout, aucune interview du matin pour le revenant, celui qui est le numéro 3 du Gouvernement après en avoir été le numéro 1, ni pour la « surprise » de ce remaniement, Audrey Azoulay. A sa décharge, elle faisait partie de la cour de François Hollande pendant le voyage d’une semaine aux antipodes.

Loi Travail : absence des acteurs traditionnels

L’avant-projet de loi réformant le Code du Travail est la grande affaire de ce trimestre. Le texte, qui n’a pas encore été présenté en Conseil des Ministres, creuse encore les failles au sein de la majorité. Il est intéressant de voir qui les radios invitent, le matin, pour en parler.

Du côté du Gouvernement, une seule interview pour Manuel Valls et pour Myriam El Khomri, la ministre supposée porter ce texte. En fait, c’est surtout Jean-Marie Le Guen qui est mobilisé. Du côté des syndicats, deux interviews pour la CFDT et pour la CGPME, une seule interview pour le MEDEF, aucune interview pour la CGT et FO. Précisons que Philippe Martinez de la CGT avait été invité trois fois en janvier.

D’une certaine façon, ces choix montrent que le débat et la mobilisation sur le droit du travail n’ont lieu ni à la radio, ni avec les acteurs traditionnels du dialogue social. A date, ce sont les réseaux sociaux et d’autres acteurs, moins institutionnels et plus jeunes (1 interview pour le président de l’UNEF) qui mènent la danse.

PS et Républicains : 75% des invités politiques du matin en février

Le PS et les Républicains continuent d’être ultra-majoritaires parmi les invités politiques des matinales : 75% à eux deux en février, en dépit d’un léger recul par rapport à janvier (81%). Le centre est réduit à sa portion congrue : une seule interview, celle de François Bayrou sur RTL. Jean-Luc Mélenchon a beau avoir annoncé sa candidature à la présidentielle et le torpillage de la primaire à gauche, il n’a été invité qu’une seule fois à la radio, le matin, en février. Les insultes lasseraient-elles les journalistes ?

On pourrait avoir, comme en janvier, la fausse impression d’un bipartisme. Le retour de Florian Philippot permet, certes, au FN de passer à 8% des invités politiques en février, contre seulement 3% en janvier. En l’absence de Marine Le Pen et Gilbert Collard, les radios font le grand écart générationnel : d’un côté, Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch, de l’autre, Marion Maréchal Le Pen et David Rachline.

Prime à la zizanie

Une seule formation tient la dragée haute au PS et aux Républicains et est en progression notable par rapport à janvier : les écolos (10% des invités politiques du en février, contre 7% en janvier). Qu’il s’agisse du gouvernement, de l’Europe ou de la primaire à gauche, il y a, ici, tellement d’avis, de chapelles et de calculs personnels que des écolos penseront toujours que leurs opinions sont sous-représentées dans les interviews du matin à la radio. En février, deux anciens ont même été remis à l’honneur : José Bové (2 interviews) et Daniel Cohn-Bendit, invité de Europe 1 où il officie, par ailleurs, comme chroniqueur.

Un peu d’expertise et un peu de culture

Parmi les 35% d’invités qui ne sont pas des politiques, quatre groupes ressortent : les experts (7%), les acteurs de la culture (6%), les hauts fonctionnaires (6%) et les responsables syndicaux (6%).

Les domaines d’expertise vont de la géopolitique à la physique des nouvelles ondes gravitationnelles. Certains experts sont des personnalités connues : Jacques Attali, Michel Cymes et Thomas Piketty. Les invités culturels sont principalement des acteurs de cinéma, février étant le mois des Césars et des Oscars. France Inter réussira même à inviter Léonardo DiCaprio.

Les hauts fonctionnaires apportent, eux aussi, leur expertise. Ils se partagent entre les ambassadeurs (Allemagne, Royaume-Uni et Turquie) et les services en première ligne sur les réfugiés (OFPRA, Préfète du Nord Pas-de-Calais). Côté syndicats, en plus de ceux déjà cités à propos de la loi travail, citons Xavier Beulin, président de la FNSEA, dans un contexte de crise agricole et de Salon de l’Agriculture.

Où est l’Europe à la radio ?

Enfin, comme chaque mois, sont très minoritaires les femmes (21% des invités du matin), les étrangers (9%), les acteurs de l’entreprise (4%) et l’Union Européenne. Celle-ci compte seulement une interview de Martin Schulz, président du Parlement Européen, et deux interviews de « notre » commissaire à Bruxelles… et encore, Pierre Moscovici conserve un très fort tropisme français.

Certes, les radios invitent des députés européens, mais elles choisissent presque toujours des députés qui vont, surtout ou uniquement, parler de la France. A cet égard, la liste des députés européens invités à la radio le matin en février se passe de commentaires : Rachida Dati (2 interviews), Nadine Morano, Bruno Gollnisch et Yannick Jadot (2 interviews).


 

Les interviews du matin sur Europe 1, France Info, France Inter, RMC et RTL sont, du lundi au vendredi, des rendez-vous médiatiques importants (essentiels pour ceux qui aspirent à y être invités). Les interviewers sont des personnalités connues qui, pour certaines, occupent ce créneau depuis longtemps : Thomas Sotto et Jean-Pierre Elkabbach, Jean-François Achilli, Léa Salamé et Patrick Cohen, Jean-Jacques Bourdin, Olivier Mazerolle. L’Observatoire des Invités du Matin s’intéresse, chaque mois, à leurs choix. Ces journalistes ont, en cumulé, environ 140 créneaux à remplir par mois. Qui choisissent-ils d’inviter ? Qu’est-ce qui ressort de leurs choix ?

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